Vous l’aviez sans doute un peu oubliée. Pas nous. La vaste enquête pénale pour des liens troubles entre forces de l’ordre et milieux de la prostitution touche à sa fin. Ce vendredi 22 octobre, soit plus de deux ans et demi après les faits révélés par GHI au printemps 2019, le Ministère public, suivi par le Département de la sécurité, rendront leur verdict. Si les secrets de l’instruction ont été bien gardés, on sait en revanche que plus rien ne sera comme avant dans la Grande Maison.
Concrètement, fini la police de grand-papa. Celle qui, par exemple, autorisait des enquêteurs à paraître potes avec un indic, à flirter avec des zones grises des mondes de la prostitution ou de la drogue. Cette manière de faire à l’ancienne ne passe plus. Place désormais à un nouveau code de conduite du fonctionnaire de police. Bref, à de nouvelles règles et procédures plus transparentes et traçables qui devront être adoptées en toutes circonstances. Avec ou sans uniforme.
Autrement dit, et pour faire court, on n’attend pas des policiers qu’ils soient honnêtes, c’est la moindre des choses, mais qu’ils soient en mesure de le (dé)montrer à la population à chaque instant. C’est le prix à payer pour vivre avec son époque. Celle où la moindre intervention peut être filmée par des smartphones ou des caméras de vidéosurveillance et se retrouver en temps réel sur le tribunal populaire des réseaux sociaux. Une période de judiciarisation et de moralisation à outrance qui oblige les représentants de l’autorité à se montrer au-dessus de tout soupçon.
C’est précisément ce rapport à l’image et à la justice qui est en train de changer le métier de policier en profondeur. A lui de s’adapter à la société, pas l’inverse.