Aumône

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Les assureurs nous font l’aumône de baisser de quelques francs par mois les primes de l’assurance maladie de base pour 2022 et nous devrions les remercier.

De qui se moque-t-on?

Faut-il être à ce point sourd à la détresse d’un grand nombre d’assurés pour oublier qu’à Genève, qui se distingue par les primes moyennes les plus chères du pays, celles-ci continuent de plomber «maladivement» les budgets des ménages et des autorités.

Sans même entrer dans le détail des subventions, ce sont près de 45'000 personnes dont la facture est totalement prise en charge par le Canton.

Le même Canton qui a dû éponger la plupart des déficits pour réorganiser le fonctionnement hospitalier et lutter contre le Covid. Dans ce cas précis, la facture se monte à plusieurs centaines de millions en deux ans.

Et ce n’est pas tout. A qui diable faut-il marteler que les vaccins et les tests sont entièrement pris en charge par les autorités cantonales et fédérales. Autrement dit, par nos impôts alors même que la plupart de ces prestations d’urgence sanitaire auraient dû être partagées avec les assureurs.

Après tout, n’est-ce pas leur mission, et a fortiori celle d’une assurance sociale obligatoire comme la LaMal, de participer à l’effort commun en cas de coup dur sanitaire…

On en est loin. Très loin. La preuve? En pleine pandémie, le bas de laine des assureurs s’est encore enrichi de près d’un milliard en 2020. En tout, leurs réserves se montent aujourd’hui à plus de 12 milliards. Soit le double du minimum légal.

C’est dire qu’il existe une manne importante pour soulager réellement la détresse des assurés, en attendant que les réformes déploient leurs effets et que d’autres soient envisagées.

Problème: pour que les assurés bénéficient enfin du remboursement partiel des primes qu’ils ont payées en trop, la Confédération ne peut pas compter sur le bon vouloir des assureurs. Elle doit les contraindre en remplaçant dans la loi, la mention «elles peuvent» par «elles doivent» rembourser.

En rendant le facultatif obligatoire, les autorités viendront concrètement en aide à de très nombreuses familles. Et leur permettront du même coup de se réjouir pour autre chose que des miettes ou de l’aumône.