COMMENTAIRE Divine surprise

DIVINE SURPRISE Le PLR qui lance un référendum, c’est comme si les patriciens de la rue des Gran-ges se mettaient, furibards, à bat-tre le pavé. Comme un parfum de cassoulet surgi de l’office domestique, mêlé à la lavande des draps de soie, dans le buffet qui dort. C’est une nouvelle qui fait du bien. Allez, disons une «divine surpri-se», mais on va encore me traiter de maurrassien. Le PLR, à Genève, c’est par excellence le parti du gouvernement. Il ne cesse, l’air grave, de nous parler des «institutions», comme si ces dernières se limitaient au Conseil d’Etat et au Grand Conseil. Comme si, juste-ment, la démocratie directe n’en faisait pas partie. Et là, patatras, voilà que, sur une histoire de dé-duction de frais de déplacement, il nous balance un référendum con-tre la modification de la loi sur l’imposition des personnes physi-ques, votée le 17 décembre par le Parlement. Divine surprise, oui. Ce référendum est une excellente idée. Pour l’éclat du symbole: le grand vainqueur, ce ne seront pas les frais de déplacement (on a con-nu, dans l’Histoire, des sujets plus exaltants), mais ce sera la démcratie directe elle-même. Adoubée, enfin, par ceux-là même qui ten-daient souvent à la rabaisser. Et puis, le grand vaincu, dans cette affaire, c’est le Conseil d’Etat: il a même désormais, contre lui, le parti de son président. Imagine-t-on l’Eglise attaquer Dieu par une collecte de signatures? Bien sûr, ce ne sera pas Maastricht. Ni l’in-dépendance de l’Algérie. Ni l’en-trée de la Suisse dans l’ONU. Non, ce sera un petit objet bien de chez nous. Mais lancé par qui? Par la fine fleur du pouvoir. Celui qui a pignon sur rue. Celui qui détient la Gabelle comme la Régale. Hommage à leur conversion.