Dans notre société qui fait si grand cas des célébrations et des remémorations, tout le monde ou presque a oublié de commémorer le 27 mai 1564. Autrement dit, les 450 ans de la mort de Jean Calvin. Vous savez, ce réformateur sans qui Genève ne serait qu’un paisible village de pêcheurs au bord du lac Léman. Pas même l’Assemblée des Eglises n’en a fait mention. Certains regrettent le pasteur Henry Babel, sa conscience historique. D’autres rappellent que l’on a déjà tellement célébré les 500 ans de sa naissance en 2009 qu’il était difficile de recommencer en 2014. D’autres encore évoquent les grosses célébrations pour les 500 ans de la Réforme, à l’horizon 2017. De fort belles explications qui n’excusent en rien l’oubli fait au grand réformateur. Un ratage que beaucoup regrettent après coup. Car commémorer la mémoire de Calvin concerne tous les Genevois. Sans distinction de classe, religion, origine, sexe ou âge. Nos racines, hors sol ou profondément enfouies, se développent ici, éclairées par son esprit. Nos consciences aussi. Et puis, après tout, une grande civilisation ne se reconnaît-elle pas aussi à la manière dont elle honore ses morts. Se recueillir sur leur tombe nous rappelle, entre autres, qu’une terre sans mémoire est une terre sans avenir.