MONNAIE • Tout et son contraire ont été dits à propos de l’abandon du taux plancher par la BNS. La décision réduit la valeur des biens importés, elle est une bonne nouvelle pour les consommateurs et les frontaliers. Par contre elle nuit à l’industrie d’exportation.
Nombre d’experts alimentent les projections anxiogènes, prédisant des jours sombres pour les salariés et les rentiers. Heureusement, il y a Davos! On peut compter sur le Forum économique pour ne pas sauver la planète financière, lui qui n’a jamais su anticiper les crises... Mais il remplit les hôtels, roucoule le directeur de Suisse Tourisme.
Un homme n’a en revanche pas ouvert la bouche depuis ce fameux 15 janvier 2015, et pour cause, c’est Philipp Hildebrand. Chassé en 2012, l’ancien président de la BNS n’est plus là pour encaisser les coups, pourtant c’est sous son règne qu’a été introduit un remède de cheval pour décourager la spéculation sur le franc. Pari à demi raté.
La mesure a offert un répit à la compétitivité helvétique, entretenant l’illusion d’une BNS toute puissante. Revers de la médaille: l’achat massif de devises n’a pas seulement augmenté le risque de créer de la monnaie de singe, il a fragilisé dangereusement l‘institut d’émission.
Trois jours avant la décision fatidique, la BNS maintenait encore qu’elle n’allait pas changer de cap. Le mensonge est révélateur du drame que vivent ses dirigeants. L’éclatement de la bulle redimensionne leur aura et, par contagion, celle des autres banquiers centraux. Il amène aussi à s’interroger sur la vocation véritable du franc.
La stabilité relative de l’économie suisse est-elle une raison objective suffisante permettant à la monnaie helvétique de mériter sa réputation de valeur refuge? A l’heure où le secret bancaire se meurt, on peut se poser la question.
(lire également: Banque nationale la honte)