JOURNAL «LE TEMPS» • Plus de 600 personnes ont signé l’appel lancé en janvier par le «Cercle des Amis du Temps», qui se donne pour mission d’«influer positivement» sur les événements, suite à la mise à l’encan, en octobre dernier, du quotidien genevois. Beaucoup de journalistes et politiciens figurent sur la liste mais on remarque très peu de représentants de la place financière.
Traditionnellement, les banquiers privés assurent au titre un socle de revenus publicitaires. Ils ne sauraient donc rester indifférents au destin du Temps qui n’a toujours pas trouvé chaussure à son pied, nonobstant plusieurs offres émanant de groupes de presse ou de particuliers fortunés. A ce jour, les vendeurs zurichois Tamedia et Ringier sont restés inflexibles.
Pourtant le prince charmant existe bel et bien. Il vit sur les bords de l’Aar, s’appelle Peter Wanner et contrôle AZ Medien, le quatrième pôle médiatique de Suisse. Ce Citizen Kane d’une vaste région couvrant les cantons d’Argovie, Soleure et Berne, où il possède un quotidien à grand tirage, un journal dominical et deux télévisions privées, jouit de la réputation d’un éditeur attaché à l’indépendance de ses titres.
La santé de son bilan et sa capacité d’autofinancement permettent à Wanner de faire la nique aux bailleurs de fonds et à son principal concurrent, Tamedia, copropriétaire du Temps, justement. Il a été jusqu’à débourser 20 millions de francs pour s’offrir une rotative. Dans une interview accordée au Matin Dimanche, Peter Wanner ne dément pas qu’il ajouterait volontiers le Temps à son tableau de chasse. Mais il ne le fera pas car il juge le prix – entre 15 et 20 millions de francs – trop élevé.
La vente du Temps ne serait-elle qu’un jeu de dupes?