– Lors de votre nomination à la tête de Présence Suisse, l'office de promotion de l'image de la Suisse à l'étranger, il vous a été prédit un champ de mines. Un an et demi plus tard, vous êtes ambassadeur. Quel est votre secret?
– Je n'ai rencontré aucun champ de mines. Ce qui m'a aidé, paradoxalement, c'est que la Suisse a eu des problèmes d'image. Depuis une dizaine d'années, les médias et certaines autorités lancent contre le pays des attaques relativement systématiques. Depuis un an, le potentiel de dégradation d'image est réel. Même si la Suisse conserve une bonne image auprès de l'opinion publique à l'étranger, nous devons agir et informer sur les points qui font mal. Notre place économique est en jeu.
– En quoi est-elle menacée?
– Dans les médias étrangers, le volume des critiques contre la place financière suisse est beaucoup plus important que celui contre d'autres places financières comparables. Les attaques contre les banques suisses sont disproportionnées, d'autant que le Conseil fédéral a pris des décisions essentielles pour lutter contre les abus du secret bancaire.
– Que risque l'économie suisse?
– Si l'un des symboles de la Suisse, sa finance, est systématiquement déconsidéré, c'est l'ensemble des activités économiques du pays qui peut être disqualifié. La fiabilité et la sécurité s'expriment aussi bien dans une montre, un fromage et un service financier. Si on les remet en question dans un secteur, le risque n'est pas exclu que cela touche d'autres domaines économiques. Il faut réagir, l'image de la Suisse est l'outil de marketing n°1 de notre économie.
– Comment réagir?
– La Confédération et les banques doivent promouvoir ensemble une place financière compétitive et durable. Le Conseil fédéral va soumettre au parlement trois accords fiscaux avec l'Allemagne, l'Angleterre et l'Autriche, réalisés grâce à une étroite coopération avec l'industrie bancaire. Cependant, je crains que le cliché du méchant banquier suisse n'ait encore de beaux jours devant lui. C'est à long terme que la décision du Conseil fédéral aura une influence sur les mentalités.
– A l'avenir, quel sera le but de Présence Suisse?
– Nous ne voulons pas changer la perception d'un pays propre, fiable, ponctuel, doté de jolis paysages et respectueux de l'environnement. Ce qu'il faut tenter de gommer en revanche, c'est l'image d'un pays qui ne prend pas de risques, isolé et un peu égoïste. Des aventures telles que Planet solar ou Solar Impulse montrent que notre fiabilité implique prise de risques, créativité et échange avec le monde.
«Il faut gommer l'image d'un pays qui ne prend pas de risques»