GHI: – Estelle Balet, pourriez-vous vivre ailleurs qu’à la montagne?
Estelle Balet: – Difficile à imaginer. Habitant à Vercorin (VS), j’aime la montagne, la nature, le silence. Sur la cime, j’ai l’impression d’être seule au monde. Je ne m’attarde jamais dans une ville même si j’adore la mode et le shopping. Au bout de trois jours, il faut que je reprenne de l’altitude.
– Qu’est-ce qui vous séduit dans le freeride?
– La sensation de voler! Il n’y a que la planche entre moi et la montagne. Cela me procure un sentiment de liberté indescriptible. Un sentiment que je retrouve en compétition, car dans le freeride, il n’y a pas de structures contraignantes. Revers de la médaille, on n’a pas de financements. Chacun doit trouver des sponsors, car il en faut. Même si on ride par passion, pas pour l’argent.
– Vous arrive-t-il d’avoir peur avant de dévaler ces pentes à 40 degrés?
– Toujours! Et heureusement d’ailleurs. Car dans ce sport extrême, il y a des limites à ne pas franchir, même si les faces sont préalablement sécurisées. Dans cette discipline, qui demande une grande concentration, tu ne peux pas jouer au casse-cou. Ceci dit, j’ai plus d’appréhension lorsque je fais du hors-piste en station, car j’ai une frousse bleue des avalanches…
– L’Xtreme de Verbier, vous en rêviez enfant?
– Oh oui! Petite, mes parents m’y amenaient chaque année. J’étais fascinée par ces surfeurs qui domptaient cette face mythique. Pour un rider, il n’y a pas plus majestueux que le Bec des Rosses. Mon rêve s’est concrétisé en 2013, lorsque j’ai obtenu une invitation pour y participer avec les pros. Et j’ai fini deuxième, à 18 ans. C’était génial, inespéré, incroyable.
–Et surtout chez vous, en Valais…
– Bien sûr. Et dans la Mecque du freeride en plus. Car cette station offre un terrain de jeu hallucinant aux amateurs de poudreuse. C’est, sans conteste, mon spot préféré. Je vais d’ailleurs m’entraîner cet hiver à Verbier pour préparer la saison nouvelle, qui débutera le 25 janvier à Chamonix.
– Avec quels objectifs?
– Ma maturité en poche, j’ai décidé de prendre une année sabbatique pour me consacrer à mon sport, tout en croquant la vie à pleines dents. Je vais aborder ces échéances sans me mettre de pression, en gardant en tête la notion de plaisir. Cette année, cela m’a plutôt bien réussi puisque j’ai terminé deuxième du circuit mondial. Mais on peut toujours s’améliorer, non?