Ce dimanche 23 septembre: le Trafalgar des bobos. 56,4% des votants, en Ville de Genève, qui disent non aux 50 rues piétonnes, refusant le financement de leur mise à l'essai, c'est une cuisante défaite. Pas une défaite pour les piétons! Pas une défaite pour tous ceux qui, à juste titre, souhaitent une vie harmonieuse, en ville. Mais une défaite pour les ayatollahs. Une défaite pour les ultras. Une défaite poux ceux qui rêvent le «vivre ensemble», dans leur seul cerveau, ou sur du papier, sans tenir compte de ce qui la fait vivre, cette ville: le commerce, la petite industrie, l'artisanat, les services. Tous domaines ayant éminemment besoin, comme le sang dans les artères, de se mouvoir. Circuler, oui, et bien souvent en voiture, parce qu'au-delà d'une trentaine de kilos de marchandises, une livraison à vélo et en sandales, c'est un peu juste, côté efficacité.
VOUÉ À L'ÉCHEC - Le verdict de ce dimanche 23 septembre n'est même pas une condamnation des rues piétonnes. Mais pas maintenant, pas comme ça, pas sans compensation absolue par des parkings, pas dans cette atmosphère détestable de chasse à la bagnole. Comme si se mettre au volant d'un véhicule était un acte coupable, un péché, alors que le libre choix du mode de transport a été voté par le peuple! Proposer 50 rues piétonnes, en soi, est recevable. Mais dans l'incroyable chienlit qui règne à Genève, depuis des années, mais encore plus depuis la rentrée scolaire 2012, le projet ne pouvait qu'aller au casse-pipe. Vous croyez qu'ils font la différence, les votants, entre les limites exactes de la Ville de Genève (cercle électoral de cette votation) et Carouge, Thônex, Vernier, Onex, Lancy? Ils voient bien, les citoyens que ça foire en haut lieu. Immobile, peut-être, le conducteur genevois. Mais pas débile!
MISE AU PAS - Une instance, ce dimanche 23 septembre, a réagi avec fulgurance et intelligence: à 13h54, prenant tout le monde de court, tombait un communiqué du Conseil d'Etat. En substance, le gouvernement cantonal nous fait savoir que c'est lui le patron, que les communes (dont la Ville de Genève) doivent passer par lui pour leurs expériences piétonnières, que le Département de l'urbanisme (François Longchamp) et sa police des constructions sont l'un des acteurs de la mobilité, à Genève. Une manière, non seulement de mettre au pas la Ville, mais à coup sûr, pour qui sait lire, l'annonce d'un rééquilibrage dans le pilotage du dossier au sein du Conseil d'Etat. Pour être encore plus clair, il n'est pas sûr que Michèle Künzler, d'ici la fin de la législature, jouisse d'une totale liberté de manœuvre, en matière d'aménagement de la circulation. Quant à Rémi Pagani, on lui signifie poliment que Genève est l'une des 45 communes du canton.NON
AU MERDIER - A l'heure où j'écris ces lignes, les entrées de Carouge étouffent sous les bouchons, à cause du tunnel du Bachet et de la très mauvaise gestion du dégorgement de l'autoroute de contournement. Partout, des automobilistes attendent bloqués, à leur volant. C'est à ce merdier-là que les gens ont dit non. En espérant que ça change. Avec, en haut lieu, d'autres pilotes du dossier.