A Genève, en cette rentrée d'automne 2012, plus que jamais, le statut d'automobiliste est devenu un enfer. Non seulement parce que les chantiers foisonnent. Mais parce qu'il n'existe, en haut lieu, strictement aucune espèce de coordination, de vue d'ensemble, pour enchaîner ces chantiers les uns par rapport aux autres. Penser tout de même, un minimum, à la fluidité générale du trafic. Bien au contraire, tout est entrepris pour rendre la vie de l'automobiliste impossible. La lui pourrir. Le but: qu'il laisse son auto au garage, et prenne les transports publics. C'est gentil, sympathique. Mais c'est juste en violation pure et simple du principe de libre choix du mode de transport, voté souverainement par la population. Principe qui édicte, pour faire court, que se mouvoir au volant d'un véhicule automobile ne relève, jusqu'à nouvel ordre, en soi, ni du Code pénal, ni de la faute morale, ni du crime contre l'humanité.
RETOUR DU TRAM - Il ne s'agit pas de condamner les chantiers. La population est responsable, adulte, elle comprend bien qu'un tissu urbain doit constamment évoluer, sinon il est condamné à dépérir. Pendant la reconstruction, ces vingt dernières années, des lignes de tram stupidement arrachées dans les années soixante, les habitants de Genève ont (au sens propre!), rongé leur frein. A la rue de Lausanne, à l'avenue de France, à la Servette, à Cornavin, à Bel-Air, à la Jonction, à la route de Chancy, ils ont enduré, pendant de longues années, d'interminables travaux. Les trams revenus, ces automobilistes ont retrouvé leurs artères d'antan diminuées de moitié en largeur, avec des feux rouges tous les sept ou huit véhicules. Le but? Qu'ils en bavent, pardi! Qu'ils expient, en ruminant de rage, leur scélérate condition de conducteurs de voiture. Et c'est réussi: à Genève, aujourd'hui, nul ne se meut plus.
CEVA MON AMOUR - A la congestion du centre-ville, sont venus s'ajouter, depuis la rentrée scolaire, la fermeture du bas du boulevard Jaques-Dalcroze, rendant héroïque l'idée de s'aventurer du côté de Rive. Surtout, la lumineuse plaisanterie des travaux, pour cause de CEVA, sur le tunnel autoroutier du Bachet, près de la Praille. Du coup, l'autoroute de contournement, qui était encore le seul moyen de relier un point A à un point B sans devenir complètement cinglé, devient à son tour un lieu de bouchons. Les évacuations sur la route de Saint-Julien, puis Carouge, n'ont absolument pas été gérées, cela génère des monceaux d'immobilité, donc de rage intérieure. L'information est très mal donnée. La révolte couve. Et la Ville de Carouge, elle en a cure, ou, occupée à rêver les écoquartiers Verts de l'an 3000, elle se contrefiche des embarras de 2012?
CE N'EST QUE LE DÉBUT - La vérité, c'est qu'en matière d'immobilité, nous sommes régis, au niveau cantonal et dans certaines communes, par une sacrée bande d'idéologues. Ils foulent aux pieds le principe de libre choix du mode de transport, veulent faire le bonheur des gens sans leur demander leur avis, considèrent que le cochon d'automobiliste doit être saigné jusqu'à l'équarrissage, histoire de payer. La rédemption, par l'ennui. Le salut, par l'immobilité. Et ça ne fait que commencer. Vivement les grands travaux du CEVA. Chouette, non?