Pour la première fois depuis le paléolithique supérieur, les socialistes genevois ne se sont pas trompés de casting! Une fois pris en compte le renoncement de Manuel Tornare (GHI du 10.01.2013), il faut bien admettre que le quatuor de candidats à la candidature pour le Conseil d'Etat 2013-2018 est l'un des meilleurs depuis longtemps. Deux femmes, deux hommes. Deux parlementaires cantonaux, deux élus exécutifs dans des communes. Et pas n'importe lesquelles: les deux premières du canton, Genève et Vernier! Equilibre, aussi, entre les tempéraments, les caractères, les diverses visions de la gauche. Surtout, aucun de ces candidats n'est sous-modulé par rapport aux trois autres. Aucun ne fait figure de rigolo.
DEUX TOURS Les militants choisiront la liste début mars. Combien de noms retiendront-ils? De nombreux socialistes plaident pour une liste ouverte, pourquoi pas les quatre, pour afficher leurs ambitions de reconquête, mais aussi pour laisser au peuple la possibilité de primaires. Le Conseil d'Etat, pour la première fois, sera élu en deux tours: le 6 octobre, on écrème, le 10 novembre on élit. D'autres estiment au contraire que le Congrès socialiste doit assumer ses choix et ses responsabilités, avec le risque de césure interne dont il a, parmi d'autres, la spécialité.
COURAGE ET CLARTÉ La candidate qui impressionne le plus est Sandrine Salerno. Si son parti la choisit sur la liste, elle fera campagne en étant maire de Genève, ce qui présente toujours un avantage. Surtout, la militante a mûri. Aux affaires depuis bientôt six ans, après des débuts un peu raides, elle a véritablement endossé ses habits de magistrate. Elle n'a pas peur de se faire des ennemis. Et d'ailleurs, s'en fait, à la pelle, du côté de la droite économique! On peut penser ce qu'on veut de ses options politiques, une chose est sûre: Sandrine Salerno est courageuse. Et elle a la vision claire.
L'ENFANT DU PEUPLE Populaire, issu du peuple, aimant sa commune de Vernier dont il fut maire, Thierry Apothéloz a en lui la flamme militante. Il se veut proche du terrain, de la rue, et cette adhésion au bitume, chez lui, n'est pas usurpée. Disons que les louches de caviar ne dégoulinent pas des oreilles. A la vérité, un homme qui serait parfait comme ministre des Affaires sociales.
UN SOCIALISTE QUI SAIT COMPTER Petit entrepreneur, sachant ce que signifie tenir une boîte à soi, prendre le risque économique, engager du personnel, établir un bilan et un compte de pertes et profits, calculer ses investissements, Roger Deneys est un député atypique. Socialiste, mais aussi très proche de la nature, défenseur de l'entreprise sociale et solidaire, membre pragmatique de la commission des finances, il sait jongler avec les chiffres sans paraître ridicule. Il serait assurément formidable d'avoir une fois aux affaires un socialiste ayant vécu d'autre chose que des deniers publics.
COMPÉTENCE ET INTÉGRITÉ Enfin, la députée Anne Emery-Torracinta, excellente au Parlement, a le courage de repartir au combat, après la gifle encaissée contre Maudet, le 17 juin 2012. On connaît les qualités intellectuelles de cette politicienne, son intégrité aussi, son combat pour les personnes handicapées. Reste une question: les militants lui donneront-ils une seconde chance? Réponse dans moins de deux mois.