Sale coup pour le moral, l’Escalade et son cortège historique ont été annulés. La faute à ce satané virus qui n’en finit pas de bouleverser nos vies, nos traditions.
Pas de célébrations donc pour tirer la population du sommeil d’une longue nuit hivernale, pour partir à la conquête festive des pavés de la Vieille-Ville et fortifier ensemble nos valeurs communes et notre identité genevoise. Et cela quelle que soit notre origine ou nationalité.
Même si ce n’est que partie remise, pour la plupart d’entre nous, il s’agit d’une triste première. La dernière annulation du cortège historique remonte en effet à 1932, c’était après la funeste fusillade de Plainpalais.
Il nous faut donc accepter qu’il n’y a pas de modèle récent pour nous aider à prendre notre mal en patience. Pour nous dire comment garder vivante, malgré la menace qui rôde, une tradition populaire fondamentale à Genève.
Raison de plus, sans doute, pour ne pas baisser les bras. Pour nous mobiliser et montrer notre attachement à une fête aux valeurs universelles digne du patrimoine immatériel de l’humanité.
Après tout, l’Escalade célèbre la victoire sur les ennemis, le retour à la liberté, la bravoure collective et individuelle.
Il nous en faudra beaucoup pour venir à bout du virus. Notre atout, c’est que cette satanée bestiole sous-estime la puissance symbolique d’une marmite en chocolat…
En la brisant en mille morceaux, dans le strict respect des gestes barrières, jeunes et anciens se tiennent par la main, comblent tous les fossés générationnels et fractures sociales. Rappellent aussi à tous, haut et fort, «qu’ainsi périssent les ennemis de la République».