La nouvelle a défrayé la chronique la semaine dernière. Une barre d’immeubles du quartier de la Servette a dû être évacuée dans la précipitation. En cause? Un risque d’écroulement. A la clé, un vent de panique générale, de sidération et surtout, l’obligation de reloger en un temps record des dizaines d’habitants en état de choc. Des familles et commerçants qui ont vu leurs vies basculer en une seconde dans l’incertitude et l’angoisse. De quoi largement mobiliser les autorités, surtout celles de la Ville de Genève. Que ce soit la mairie, le social, les constructions ou la sécurité… Toutes avaient d’excellentes raisons de se rendre sur place pour prendre le pouls de la situation, faire preuve de compassion, rassurer. Dire aux citoyens qu’ils n’étaient pas seuls dans cette galère. Or, dans ce dossier, les magistrats ont surtout brillé par leur absence. Un silence incompréhensible, un désengagement coupable. Car même si les autorités ont pu être prises au dépourvu par une situation rarissime, elles ont eu ensuite largement le temps de venir en aide aux sinistrés. En proposant, par exemple, des logements d’urgence ou des aides ciblées.
Bien entendu, pas question ici de libérer les propriétaires des immeubles de leurs obligations. Juste l’impérieuse nécessité de rappeler à tous les élus que l’essence même de leur travail consiste à répondre aux réalités du terrain. Négliger cela ne peut que creuser le fossé entre autorités et citoyens.
Le drame de la Servette est aussi une occasion extraordinaire de rappeler que le départ programmé de quatre conseillers administratifs sur cinq au printemps prochain ou l’ingouvernabilité actuelle du Conseil d’Etat ne donne aucun droit à l’indifférence.