Tensions. Menaces de grève. Renforcement du rapport de force. Le torchon brûle entre syndicats du personnel de la fonction publique et Conseil d’Etat à la veille de la présentation du projet de budget 2021. Il faut dire que celui-ci propose une baisse de la masse salariale d’environ 1%.
Rien à redire sur le principe de vouloir maîtriser les charges. Ce qui pose problème, c’est de vouloir le faire de manière linéaire. Autrement dit, sans faire la moindre distinction entre, par exemple, bas et hauts revenus ou employés envoyés au front au plus fort de la crise médico-sanitaire et les autres. Sans compensation ciblée, un tel traitement ne peut susciter qu’un sentiment d’injustice et de rejet.
Ce qui serait plus fédérateur et innovant pour sortir de l’impasse, c’est de proposer que la baisse des rémunérations touche de manière plus marquée les hauts salaires. Attention, cela ne signifie pas que magistrats, cadres et hauts fonctionnaires n’étaient pas en première ligne. Non, simplement qu’ils n’ont pas perdu tout contact avec la détresse matérielle vécue par un grand nombre de petits fonctionnaires mais aussi de très nombreux salariés du secteur privé.
En temps de crise budgétaire, faire passer un tel message de solidarité possède une vertu essentielle: ériger l’exemplarité en valeur absolue.
Une condition indispensable pour gagner en respect, crédibilité et calmer au passage toute fronde ou menace de débrayage. Le temps nécessaire d’élaborer plus sereinement et avec l’ensemble des partenaires sociaux des mesures structurelles anti-crise.