Les stations-service sont prises d'assaut par les mauvais payeurs (lire en page 3). L'essence est trop chère! dénoncent notamment les nombreux automobilistes pendulaires qui ont vu leur facture à la pompe exploser ces derniers mois. Avec un litre de sans plomb bientôt à deux francs, ils se demandent de quel côté sont les véritables margoulins. De là à faucher son carburant, il y a un pas que très peu franchissent. Après tout, grogner n'est pas voler.
Pour s'en convaincre, il suffit de regarder de plus près le profil des resquilleurs pris la main dans le réservoir. Contrairement aux idées reçues, ils sont issus de toutes les couches sociales. Autrement dit, la crise économique et les tensions géopolitiques en Iran sont loin d'être responsables de tous les maux en la matière. Mais alors qu'est-ce qui explique cette recrudescence? En partie, peut-être, une forme de malhonnêteté généralisée. Dans une société où la règle tacite du chacun pour soi continue à dicter sa loi, où la cupidité règne en maître, où la spéculation supplante le travail, où le profit remplace l'éthique et, surtout, où la duplicité se substitue à l'honnêteté, on peut légitimement s'inquiéter des dérives. S'en défendre aussi. Comment? En sanctionnant plus sévèrement un comportement dont l'impunité actuelle étonne. Après tout qui vole un œuf...