Un revenant

  • Pascal Décaillet, journaliste.

    Pascal Décaillet, journaliste.

UN REVENANT • Il est des voix qu’on a plaisir à redécouvrir. Ainsi, Charles Beer. Aujourd’hui président de Pro Helvetia, l’ancien Conseiller d’Etat s’exprimait, au soir du dimanche 14 février, sur la Première. Parlant des vagues de migrations, il a dit son scepticisme face à «l’autocélébration du multiculturalisme» par la gauche. Oh, il n’a certes pas renié la mission d’accueil de notre pays, ni son ouverture à la diversité. Mais enfin, il a quand même eu ces trois mots, «autocélébration du multiculturalisme», qui devraient inciter sa famille politique à un peu de réflexion.

A quoi s’en prend Charles Beer? A l’angélisme d’une certaine gauche en matière d’immigration. A cette sanctification de l’Autre, comme si tout ce qui procédait de lui était, par essence, de nature à nous bonifier. Etrange discours, aussi déconnecté du réel que celui qui, à l’inverse, chargerait l’Autre de tous les défauts du monde.

Car enfin, l’Autre n’est ni meilleur, ni pire. Pourquoi cette gauche s’acharne-t-elle à lui greffer des valeurs morales? Notre rapport à l’étranger, aux vagues migratoires, nous devons le définir souverainement, au nom des intérêts supérieurs de notre pays, sans en faire une puissante affaire théologique. Nous avons le droit de réguler, selon nos propres normes, nos flux migratoires. Fuyons la xénophobie, oui. Mais symétriquement, gardons-nous d’un angélisme moral qui n’a pas lieu d’être. Oui, il existe à gauche un discours qui sanctifie l’altérité. Ceux qui le tiennent, que cherchent-ils à fuir dans les valeurs de notre pays? Quelle identité leur fait peur, et pourquoi? Questions centrales. Incontournables.