Souvent faite d’affrontements – qui à Berne restent loyaux – et de confrontations d’idées, la politique permet parfois de réunir tous les élus lorsqu’il est évident qu’un problème doit être réglé. Tout le monde se souvient du drame de la Jungfrau: six recrues avaient été tuées par une avalanche lors d’un exercice militaire, avec la conséquence que c’est la procédure pénale militaire qui s’appliquait. Or, comme disait Clémenceau, «la justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique»: les familles des victimes n’y ont aucun droit (pas d’accès au dossier, pas d’avocat, pas le droit de participer au procès, qui s’est tenu en allemand alors que les familles des victimes étaient francophones).
Le Conseil national vient de changer cette situation choquante. Après plusieurs années de travaux, la procédure pénale militaire a été mise en phase avec la procédure pénale ordinaire, ce qui permet aux lésés et aux familles des victimes d’accidents militaires de bénéficier des mêmes droits que dans un procès ordinaire. De plus, le Conseil national a pris cette décision à l’unanimité et, pour qui connaît certains parents des recrues décédées, l’émotion était vive devant le tableau de vote constellé de points verts uniquement. Et le sentiment, partagé par ces familles dévastées, que leurs enfants fauchés en pleine jeunesse ne sont pas morts pour rien.