Il y eut, dans mon enfance, un très grand conseiller fédéral. Il s’appelait Tschudi, était socialiste, Bâlois, et il a réussi, entre 1959 et 1973, à faire passer tant de réformes de l’AVS, à un tel rythme, que l’on parlait du «tempo Tschudi». Autre exemple d’un homme d’Etat qui n’a pas traîné: Pierre Mendès France annonce, lors de son investiture par la Chambre le 18 juin 1954, qu’il se donne un mois pour régler la question indochinoise. Un mois plus tard, les Accords de Genève sont signés.
Le tempo, en politique, est capital. On n’est pas aux affaires pour roupiller! Nos grands conseillers d’Etat, de Chavanne à Segond en passant par Grobet, l’avaient compris. Tout comme, aujourd’hui, les états-majors personnels de certains magistrats mis en cause, donc courant un risque, dans des affaires: autour d’eux, on se réveille, chacun connaît sa tâche, on s’active, on travaille en équipe, pour éteindre l’incendie.
Pendant ce temps, le Parlement piétine. Les membres de la Commission de contrôle de gestion du Grand Conseil reconnaissent eux-mêmes ne pas avoir, ni en temps ni en dotations, les moyens de leur mission de surveillance du gouvernement. «Vous comprenez, gémit l’un d’entre eux, on ne se réunit que le lundi!» Pendant ce temps, les proches des magistrats se démènent jour et nuit. Sur les mêmes sujets. Mais avec des objectifs différents! Donner au Parlement des moyens et du tempo, c’est aider la démocratie, favoriser la transparence. Il faut s’y employer, sans tarder.