Commentaire - Serge et les pruneaux

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

Il est des magistrats exécutifs dont la parole semble plus ailée que le vent lui-même. Un ou deux d’entre eux, pourtant chargés des enjeux parmi les plus concrets, solides, matériellement mesurables, de notre destin genevois, manquent tellement d’ancrage dans leur propos qu’on s’est habitués à les laisser pérorer. Ils parlent, alignent des syllabes, mais leur verbe aussitôt s’envole. Comme un gaz léger, il s’évapore. Volatiles, seront-ils repérés comme tels par l’électorat, au printemps 2018? Sans doute que non: les citoyens genevois figurent parmi les plus indulgents de Suisse.

Face à ces essences de guerre lasse, le contre-exemple: il s’appelle Serge Dal Busco, dirige les Finances, doit assumer la parole publique dans les cas les plus désespérés, défendre des budgets déficitaires, endosser la pure et simple absence d’un budget, se faire engueuler par la députation, dézinguer par derrière par des élus peu contents de son comportement en commission. Bref, le soldat Dal Busco monte au front. Et, période de Jeûne oblige, prend des pruneaux.

Seulement voilà. Il se trouve que cet homme courageux parle vrai. Pas toujours très sexy, comme discours, que d’expliquer la dette et la rigueur. Mais il nous dit les choses. Dit-il toute la vérité? En tout cas, ce qu’il déclare est fiable. Pas toujours drôle, mais c’est du sérieux. Du coup, son verbe respire l’ancrage, les lois de la pesanteur, le réel. Moins aérien que d’autres, il pourrait bien, au fil des mois, des années, se révéler plus crédible. A suivre, avec attention.