L’élection d’un nouveau parlement, pour cinq ans, donne aux citoyens l’illusion d’un printemps: la vie est belle, les jours s’allongent, et la nature est là, qui nous invite et nous aime. C’est chaque fois la vie qui recommence, la sève qui monte, l’arrivée de quelques jeunes comme l’aube d’un nouveau monde.
Soit. Mais l’histoire est tragique. L’amorce d’un progrès, et déjà le reflux. Démarche de crabe, sans cohérence, quelque chose du discours d’un fou, dont parle Shakespeare. D’autant que les nouveaux, pour la législature 2018-2023, ne sont pas légion: dans certains partis, on s’est contenté de reprendre les mêmes. L’innovation, par l’archaïsme.
Et puis, chez nos bons éditorialistes, on s’est précipité à saluer un «retour aux équilibres», ou aux «partis traditionnels», ce qui, en passant, en dit long sur la puissance mentale révolutionnaire qui règne dans la presse romande. On leur fourguerait du Louis XVIII, avec perruque, triple menton et triporteur, ils en glapiraient d’extase.
Je prends ici un pari. Celui que la prochaine législature trimbalera les mêmes antagonismes de classe que ceux de la précédente: imposition des entreprises, caisse de pension des fonctionnaires, logement, coûts pour se soigner. Il y aura une gauche, il y aura une droite. Et il y aura toujours le MCG, plus maigre mais plus cohérent, pour arbitrer, à commencer par son conseiller d’Etat, Mauro Poggia. Et la vie continuera! Et les ultimes Bourbons, entre deux fatigues patriciennes, continueront de roter leur arrogance. Pour cinq ans. Ou pour l’éternité, nous verrons.