Le code pénal suisse menace de 3 ans de prison quiconque discrimine autrui à raison de son appartenance raciale, ethnique ou religieuse (art. 261 bis). Les Chambres fédérales viennent d’y ajouter l’orientation sexuelle. Sans avoir vraiment réfléchi aux conséquences. Car à poser l’orientation sexuelle sur le même tablard pénal que la race, l’ethnie ou la religion, on risque plus de susciter la discrimination que de la dissuader.
La notion de race renvoie en effet à un génotype acquis qui confère aux individus des caractéristiques communes identifiables de l’extérieur. Curieuse façon de lutter contre la discrimination que de suggérer l’existence de caractères physiques qui permettraient d’identifier l’orientation sexuelle des uns et des autres. La notion d’ethnie renvoie à un groupe social dont les membres s’identifient par une culture commune. Bonjour les quolibets. La notion de religion, à un système de croyances qui fondent des pratiques partagées… Belle invention en vérité qu’une norme pénale capable de susciter elle-même les stéréotypes qu’elle prétend combattre. A ceci s’ajoute que, dans sa grande sagesse, le législateur s’est bien gardé d’indiquer au juge chargé d’appliquer sa future norme s’il doit considérer la gérontophilie, la nécrophilie, le fétichisme, la zoophilie, la pédophile, voire l’hétérosexualité de façons différenciées ou comme également dignes de protection.