La droite rétrécie

GRAND CONSEIL • Finie, la droite élargie! Lessivée. Température de lavage mal calculée: trop chaude! Après l’essorage, il ne reste des rêves de l’automne 2013 qu’une droite rétrécie. C’est du propre!

  • La droite élargie est devenue la droite rétrécie. DR

    La droite élargie est devenue la droite rétrécie. DR

Il y a deux ans et demi, la droite triomphait au Grand Conseil. La droite, ou plutôt les droites: UDC, MCG, PLR, PDC. A la vérité, un conglomérat! Comme toujours dans l’Histoire, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, une victoire trop ample (ce fut le cas) s’avère beaucoup plus difficile à gérer, à cause des divisions internes, qu’une majorité serrée, conquise de haute lutte. Le milieu de législature est derrière nous, la seconde moitié déjà bien attaquée, et les esprits commencent doucement à se focaliser sur les élections du printemps 2018. En se rasant, ou en se maquillant, d’aucuns commencent à croire en leurs chances. Le Conseil d’Etat est faible, peu lisible, sa présidence pour cinq ans ne convainc pas. Déjà, chacun joue sa carte pour dans deux ans. Sans trop d’égards pour ce septuor chancelant. Avec, maintenant, une nouvelle donne: la droite «élargie», l’idée de synergies majoritaires entre les partis cités plus haut, est morte. Voici venu le temps, comme après la lessive, de la droite rétrécie.

Combat ploutocratique

De quoi est morte la droite élargie? D’avoir posé comme dénominateur commun, notamment entre l’aile très libérale du PLR et son singulier équivalent au MCG, disons MM. Aellen et Zacharias, un combat financier ou immobilier perçu comme beaucoup trop ploutocratique par une grande partie de la population. Même par le président du Conseil d’Etat, qui n’est pas exactement un homme de gauche. C’était courageux, minoritaire, mais c’était suicidaire. Surtout, c’était sans compter la vive réaction de la fonction publique, l’automne dernier, à la cure d’austérité qu’on entend lui imposer. De la part de Cyril Aellen, l’un des plus brillants députés de la législature 2013-2018, il était peut-être imprudent (à moins que ce ne fût volontaire, pour aller chercher la rupture) de ne pas prévoir l’affaiblissement, par éclatement interne du MCG, de l’aile économique incarnée, notamment, par M. Zacharias. Un allié qui s’auto-pulvérise, sans doute pour tester le frisson poivré de l’Apocalypse, c’est beau, c’est enflammé, c’est un désir de napalm dans l’ivresse du soir, mais politiquement, c’est un peu ennuyeux.

Revirement majeur

Et puis, celui qui chemine ne prévoit pas toujours la défection de son compagnon. Par exemple (au hasard), celle du MCG. Qui, sur le «personal stop» adopté le 13 novembre dernier par le Grand Conseil, a changé d’avis. Un revirement majeur dans l’Histoire de la législature, qui laisse entrevoir, pour 2016-2018, des majorités gauche + MCG sur les sujets touchant à la fonction publique. Le contraire exact de la stratégie de droite élargie du début de législature. Dès qu’on recommence à entrevoir à nouveau (même dans deux ans) la silhouette de l’électeur, on se souvient que l’employé de l’Etat est aussi un citoyen qui vote. Ça crée des liens. Non, non, non, je n’ai pas dit «clientélisme». Bref, la droite élargie est devenue la droite rétrécie. La gauche, quant à elle, n’est toujours pas sortie de la machine à laver. Les adoucissants sentent bon le compromis, provoquant à chaque fois une extase au PDC. Pour le grand essorage, il faudra encore attendre deux ans.