La politique, c’est l’art de gérer la cité. La démocratie, c’est le pouvoir au peuple. La capacité, pour ce dernier, d’actionner les leviers de décision. La démocratie représentative, c’est le peuple qui délègue sa confiance à des élus, dans des parlements par exemple. La démocratie directe, c’est le suffrage universel qui prend directement des décisions. Soit par référendum (en opposition à une loi votée par un parlement). Soit, beaucoup mieux, par voie d’initiative: un comité de citoyens lance une idée forte pour modifier la Constitution, il récolte des signatures, et un jour le peuple vote.
En Suisse, nous avons un mélange de démocratie représentative (puisque nous élisons des gens) et de démocratie directe. La dialectique, souvent antagoniste, entre ces deux systèmes, étincelante comme le choc de deux silex, est passionnante.
Politique complexe, mots simples
Dans un pays comme la Suisse, où la démocratie directe est si présente, dans les trois échelons de notre vie politique (communal, cantonal et fédéral), il est absolument nécessaire que les enjeux soient clairs. La politique est certes une chose complexe. Mais cela ne doit en aucun cas nous empêcher d’en présenter les thèmes de façon claire, lisible, compréhensible par tous. Lorsqu’un sujet est proposé au suffrage universel, il doit être immédiatement perceptible par l’ensemble de la population. Les mots doivent être simples, le jargon juridique doit être impérativement expurgé: la Suisse n’est pas une immense faculté de droit, elle est une nation citoyenne, où tout le monde doit pouvoir comprendre, d’un coup, les tenants et les aboutissants d’une votation.
Compromis parlementaires
En termes de clarté, la démocratie directe est supérieure à la démocratie représentative. Les initiatives, voulues au départ par un petit nombre, puis proposées au suffrage universel, ont, la plupart du temps, des titres clairs et percutants. On les aime ou on les déteste, on les soutient ou on les combat, mais enfin on les comprend!
Je n’en dirai pas autant des puissants compromis parlementaires, ces fameux «paquets» où les élus législatifs, dans un pur esprit de maquignonnage où tout le monde se tient par la barbichette, nous concoctent des mélanges de sens, totalement incompréhensibles par le grand public. Exemple 1: le paquet fédéral où on mêle le destin de l’imposition des entreprises à celui de l’AVS. Exemple 2: le paquet du Conseil d’Etat genevois où on mêle la même imposition aux subsides versés aux gens pour payer leurs primes d’assurance maladie. Dans les deux cas, nous avons affaire à des confusions scélérates quant au fond, et illisibles quant à la forme.
Pour le peuple
La politique doit être claire. Si le monde parlementaire, en Suisse, n’est plus capable d’accoucher d’autre chose que d’obscures équations, alors il devra céder la place à une extension des droits populaires. Un système lisible, audible, loyal sur les enjeux. Un système pour le peuple et par le peuple. Et non au service des corps intermédiaires.