Lampes à huile

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

Au système des Parlements, je donne encore un siècle ou deux à vivre. A celui des partis, qui lui est intimement lié, même chose. Ils ont rendu, depuis deux siècles, de précieux services. Mais n’ont rien d’éternel.

Depuis quand avons-nous des Parlements, au sens où nous l’entendons aujourd’hui? Depuis la Révolution française et les décennies qui l’ont suivie, avec une étape capitale en 1848. Les citoyens ne savaient pas tous lire, alors ils déléguaient leur pouvoir de décision, notamment celui de fabriquer les lois, à des personnes instruites: c’est le principe même de la démocratie représentative.

C’était le temps des diligences. Les députés allaient siéger dans des «Diètes», dans la capitale du pays. Ils y demeuraient plusieurs semaines, sans contact avec leurs électeurs. Fort bien. Mais aujourd’hui, et surtout demain? Accès universel à la connaissance. Mise en réseau du savoir. Pourquoi, dans ces conditions, le citoyen doit-il absolument continuer à «déléguer» ce qu’il peut, après tout, fort bien décider lui-même, comme aujourd’hui dans les initiatives et référendums?

Soyons clairs. Je ne prône en aucun cas, ici, l’avènement d’une démocratie d’opinion, où un simple clic permettrait de voter. Non, il faut étudier en profondeur une évolution du «démos» (la prise de décision par les citoyens) qui permette de mettre en œuvre, beaucoup plus qu’aujourd’hui, le suffrage universel. Les Parlements, les jeux de partis, les combinazione, feront peut-être un jour partie de l’Histoire. Comme, aujourd’hui, les diligences. Ou les lampes à huile.