Les défis d’Ana Roch

MCG • Maintenir l’unité du parti, restaurer une lisibilité, éviter de se faire dévorer: tels sont les trois défis d’Ana Roch, la nouvelle présidente du MCG. Qui ne manque ni de caractère, ni d’étoffe.

  • Ana Roch, une femme engagée dans  sa commune et qu’on aurait tort de sous-estimer. DR

    Ana Roch, une femme engagée dans sa commune et qu’on aurait tort de sous-estimer. DR

Devant elle, d’innombrables défis. Pour que le parti survive. Pour qu’il garde son unité. Pour qu’il retrouve une visibilité. Vaste programme

Décombres. Ambiance de mort. Style Rome, an 44 avant notre ère, Ides de Mars, Brutus et Cassius, juste après l’assassinat de César. On est dans Plutarque, dans Shakespeare. Eric Stauffer, co-fondateur historique du MCG, l’homme sans qui rien n’aurait été possible, se voit préférer, à une voix près, Ana Roch, conseillère municipale de Vernier, pour la présidence du parti. Il y aura eu l’ère Stauffer, héroïque; l’ère Golay, plus classique; voici que commence celle d’une femme peu connue du grand public, mais qu’on aurait tort de sous-estimer: la puissance de son engagement associatif dans la vie verniolane montre une femme de caractère. Devant elle, d’innombrables défis. Pour que le parti survive. Pour qu’il garde son unité. Pour qu’il retrouve une lisibilité. Pour qu’il évite, enfin, de se faire phagocyter par ses chers concurrents. Vaste programme.

Unité

Premier défi, l’unité. Le parti, aujourd’hui, est coupé en deux. Ceux qui soutenaient Eric Stauffer, qui réclamait non sans raison un retour à la lisibilité. En face, de poids égal, le camp des partisans d’Ana Roch. La victoire de ces derniers, une seule voix d’écart, est beaucoup trop courte pour qu’ils ne tendent pas la main aux battus. Ce que, d’ailleurs, la nouvelle présidente a immédiatement fait, avec élégance. Mais il faudra aller plus loin: depuis des semaines, des mois, sur les questions financières, sur celles qui touchent à la fonction publique, le parti était divisé, on le voyait bien au Grand Conseil, il l’est encore plus suite à cette Assemblée du 29 avril 2016, il va falloir reconstruire la confiance, ce sera très difficile.

Lisibilité

Deuxième défi, la lisibilité. Roger Golay a été un très bon président, un homme qui recherchait l’équilibre et tentait de conjurer les ferments naturels de dispersion du parti. Mais la délégation parlementaire a trop souvent changé d’avis, sur des sujets majeurs, comme ceux qui touchent au statut de la fonction publique, aux finances, à l’économie. Du coup, il y a eu un moment où plus personne ne comprenait où était le MCG, ce qu’Eric Stauffer, homme d’instinct, a parfaitement perçu. Car enfin, pour se payer le luxe de l’imprévisibilité, il faut toute l’onction de sacristie d’un parti d’inspiration chrétienne dont nous tairons le nom, et qui fait (encore) défaut au MCG.

Pas de cadeau

Troisième défi, éviter de se faire bouffer tout cru. La nature a horreur du vide, les partis concurrents jouissent comme des porcelets en extase du spectacle de division donné par ce mouvement honni, qui leur pique des voix depuis une décennie. Ils ne vont évidemment lui faire aucun cadeau pour récupérer la mise. L’un de ces partis, qui pourrait se refaire une santé sur les malheurs du MCG, est évidemment l’UDC. Mais a-t-il le personnel politique à la hauteur pour tenter et réussir l’attaque? A voir. En attendant, observons Ana Roch. La Verniolane pourrait en surprendre plus d’un. Non pour faire oublier l’époque héroïque d’Eric. Ni la mesure classique de Roger. Mais pour incarner autre chose, bien à elle. Et qui reste à inventer.