Les réseaux sociaux vont changer la politique!

POLITIQUE 2.0 • Le partage des connaissances: voilà la vraie Révolution! La mise en réseau du savoir a commencé à tout changer. Et modifiera un jour, en profondeur, notre prise de décision citoyenne, en politique.

  • La mise en réseau des connaissances va profondément changer la politique. GETTY IMAGES/WAVEBREAKMEDIA

    La mise en réseau des connaissances va profondément changer la politique. GETTY IMAGES/WAVEBREAKMEDIA

Certains parmi vous, lecteurs de ce texte, sont actifs sur les réseaux sociaux. D’autres, non. D’autres encore ne savent même pas de quoi il s’agit. Eh bien je vais vous le dire: il s’agit de la plus importante révolution, dans l’ordre de la communication, depuis Gutenberg. Parce qu’ils permettent à chacun de s’exprimer. De raconter sa vie, ou non. D’analyser, commenter l’actualité. De partager des sources, du texte, du son, de l’image. Le partage: c’est le mot-clef. Il va modifier en profondeur, dans les décennies qui viennent, non seulement notre rapport à la connaissance, mais aussi notre manière de faire de la politique. Voici pourquoi.

De César à de Gaulle

Politique et communication forment le plus vieux couple du monde. César raconte sa Guerre des Gaules, le jeune Bonaparte de la Campagne d’Italie (1796), à peine un exploit commis, le fait immédiatement relater dans les Bulletins de la Grande Armée. Charles de Gaulle, aussitôt arrivé à Londres (juin 1940), s’empare du micro à la BBC, etc.

De même, l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, puis la traduction de la Bible en allemand moderne par Luther (1522), l’essor des imprimeurs, l’humanisme, tout cela révolutionne les consciences. Plus tard, au XVIIIe siècle, l’essor des gazettes, circulant souvent sous le manteau, diffusera les idées des Lumières, préparant ainsi la Révolution française.

La fin des mandarins

Dans tous ces cas, une constante: la révolution technique précède et formate la Révolution tout court, celle qui amène au renversement d’une société par une autre. De la même manière que l’imprimerie a propagé l’humanisme et la Réforme, la mise en partage des connaissances, sur les réseaux sociaux, amènera un changement politique profond dans nos sociétés.

La fin des clercs et des cléricatures, par exemple, dans toutes sortes de domaines, comme celui de l’édition, qui se cramponne encore aux livres et au papier. Oh, ces derniers ne disparaîtront pas, mais leur part diminuera. La fin des mandarins, dépositaires du savoir, parce que seuls à accéder aux archives: on ne tardera pas à le voir, d’ici quelques décennies, pour le métier d’historien, avec la mise en ligne de la mémoire collective. Leurs fameuses «sources», chacun pourra y remonter, avec ou sans médiateur.

L’affaire de tous

En politique, la mise en réseau des connaissances va progressivement permettre à des millions de personnes de s’approprier les sujets. Donc, de participer activement aux débats. Les parlementaires feront les lois, décideront des virgules, mais la politique deviendra l’affaire de toutes les citoyennes, tous les citoyens. En Suisse, pays de la démocratie directe, une telle évolution ne peut que nous réjouir. En élevant, au fil des générations, le niveau des connaissances, nous pourrons, un jour, faire participer le suffrage universel à l’élaboration même des lois. D’ici là, les privilèges des mandarins se seront effondrés. Ce qui n’ira ni sans fracas, ni sans douleur. Excellente semaine à tous.