Les vrais problèmes des Suisses

RETRAITES • L’avenir de l’AVS: voilà une vraie question! Une tendance lourde de notre organisation commune. En marge de la votation du 25 septembre, privilégions les sujets de fond, ceux qui touchent vraiment les Suisses.

  • Le vieillissement de la population et le financement des retraites: voilà ce qui touche vraiment nos vies. ISTOCK/RUSLANGUZOV

    Le vieillissement de la population et le financement des retraites: voilà ce qui touche vraiment nos vies. ISTOCK/RUSLANGUZOV

A écouter les médias, tout au long de l’été, on a pu croire que certaines questions vestimentaires féminines constituaient l’alpha et l’oméga du débat politique. Il n’y avait plus que cela! J’invite mes amis lecteurs à se méfier de ce trompe-l’œil. Et à considérer les vrais problèmes qui remuent notre société suisse. Les lames de fond, qui pèsent lourd. Il ne s’agit évidemment pas de bouts de tissu, tout symboliques soient-ils, mais de ce qui touche vraiment nos vies d’hommes et de femmes dans ce pays: démographie, pressions migratoires, vieillissement de la population, financement des retraites, etc. En nous proposant, le 25 septembre, une initiative intitulée «AVS Plus», les partisans, quoi qu’on pense de leur texte, indiquent au moins une priorité appréciable: s’intéresser aux vrais problèmes de fond. Ensuite, on vote oui, ou vote non, c’est une autre affaire.

AVS et Sécurité sociale

Oui, ces histoires de tissus furent des dérivatifs d’été. C’est tellement plus simple de prendre position sur une tenue vestimentaire que sur les grandes réformes structurelles qui attendent nos sociétés. Alors, allons-y pour les retraites: ça tombe bien, l’Histoire de l’AVS me passionne depuis toujours. Créé en 1948, dans un lendemain de guerre où les solutions ne pouvaient passer que par l’Etat, notre «premier pilier», fruit d’un compromis politique dès le départ, n’est autre que le fleuron de nos assurances sociales en Suisse. L’équivalent (en mieux réussi, sur la longueur) de ce qu’a représenté la «Sécu» (Sécurité sociale), pour la France, juste après la Libération, sous l’impulsion d’un homme d’exception: Charles de Gaulle. Dans un cas comme dans l’autre, AVS ou Sécu, c’est une conception révolutionnaire de la solidarité et de la mutualité sociales qui s’est imposée. Une lame de fond, pour des générations. Une vraie question.

Un sujet de fond

Mon propos, aujourd’hui, ne porte pas sur le fond d’AVS Plus, qui veut augmenter les rentes de 10%, mais sur les errances du champ médiatique qui, le temps d’un été, s’est laissé porter sur des polémiques faciles, au détriment des sujets de fond. Notre régime de retraites, au tout premier plan, en est un: c’est de lui que nous devons parler tout au long de septembre. De même que nous devons, constamment, évoquer la démographie, la balance migratoire, le lien de ces questions avec l’emploi des résidents suisses, la souffrance des plus précaires, le sentiment d’être oublié, tiens par exemple en vieillissant. Parlons un peu de nous, nos familles, nos proches, notre corps social, nos meurtrissures. Un peu moins d’orientalisme dans le fantasme, un peu plus de sens du réel dans les priorités. Un peu moins de pâmoison face à l’altérité, un peu plus de prise en compte de ce que nous sommes, nos valeurs, ce qui nous réunit.

Ici comme ailleurs, je continuerai de m’exprimer sur ce qui m’apparaît comme le plus noble dans la politique: ce qui construit le destin commun. Nos assurances sociales, depuis la Guerre, en font partie. Au tout premier plan.