Primauté au vernis

  • Pascal Décaillet.

    Pascal Décaillet.

Incroyable, l’excitation de toutes sortes de médias, dont notre radio d’Etat, lundi 29 août, autour d’un sondage indiquant que les «expatriés» souffraient de ne pas toujours se sentir bienvenus en Suisse. Ce qui frappe, ça n’est pas le sondage, mais bien le foin de la presse suisse autour de ce sujet. Toujours, ce souci de l’image à l’extérieur. Toujours, cette peur de déplaire. Cette primauté du vernis et de l’apparence.

Mais enfin, nous sommes ce que nous sommes. Avec nos qualités, nos défauts, notre passé, notre mémoire parfois trouble, nos conflits, nos cicatrices. La Suisse est un tout petit pays fragile, au milieu de nations bien plus puissantes, en Europe et dans le monde.

Ce qui ne va pas, c’est d’être à ce point tétanisé par l’image donnée à l’étranger. Je vais vous dire franchement: ce que pensent les «expatriés» de la Suisse n’est pas mon souci principal. Je m’intéresse beaucoup plus aux souffrances, aux meurtrissures, à la solitude, aux fins de mois difficiles des personnes qui résident en Suisse. J’accorde beaucoup plus d’importance à la consolidation du corps social entre ceux qui sont ici, y ont vécu et travaillé toute leur vie, qu’au classement de mon pays dans l’échelle de satisfaction des «expatriés».

En clair, j’invite à centrer nos attentions sur l’intérieur du pays, l’organisation de nos liens internes, et non sur le blason de brillance dans l’ordre de la courbette et de la révérence.