Chaque automne, c’est la même chose: le coup de matraque. Depuis l’entrée en vigueur de la LAMal (loi sur l’assurance maladie), il y a vingt ans, les primes ne cessent d’augmenter. Cette année, 5,7% en moyenne genevoise, donc bien plus que les 4,5% de moyenne suisse, et surtout, à Genève toujours, 9,7% d’augmentation pour les enfants. Chaque année, ça gueule un peu, à la Genevoise. Ça rouspète, et puis ça se calme. Parce qu’assez vite, il y a les Fêtes, et puis le printemps, et la vie qui recommence. Et l’automne suivant, les coups de matraque reprennent. Ce cycle infernal est-il inéluctable? La réponse est non: les citoyens, les politiques, peuvent et doivent agir.
Caisse valdo-genevoise
Certains partis, à Genève, commencent à se réveiller. L’approche des élections du printemps 2018 n’y est certes pas étrangère. Mais que peuvent faire des Cantons, en matière de LAMal, face à la Berne fédérale, principalement l’OFSP (Office fédéral de la Santé publique), qui dépend du Département Berset? Ils peuvent faire pression. Peut-être – c’est une piste majeure à étudier – en se regroupant. Imaginez, par exemple, une Caisse cantonale publique valdo-genevoise: un million d’habitants, toute la puissance économique de l’Arc lémanique!
Même longueur d’onde
L’idée est dans l’air, tout comme celle d’une Caisse romande. On en est encore loin, mais il est capital d’esquisser des scénarios. D’autant que Genève et Vaud, avec MM. Poggia et Maillard, ont la chance d’aligner deux des meilleurs ministres cantonaux de la Santé, en Suisse. Et sur la même longueur d’onde, quant au rôle de l’Etat dans tout ce qui touche aux assurances sociales, aux hôpitaux publics, à la médecine. Une Caisse unique cantonale, c’est la proposition mise sur la table, le 4 octobre, par le MCG, sous la forme d’une motion. Une bonne partie de l’opinion publique genevoise, exaspérée par la hausse des coûts et des primes, pourrait s’y rallier.
Autre scénario, moins étatiste, la motion déposée le 10 octobre par le PLR, avec comme première signataire Nathalie Fontanet, cheffe du groupe. Elle invite le Conseil d’Etat, notamment, à utiliser toutes les possibilités légales pour intervenir auprès de l’OFSP, et prendre position en amont de l’approbation des primes par Berne. Ça n’est pas encore le scénario révolutionnaire, ni le Grand Soir, mais enfin, venant d’un parti comme le PLR (dont tant de membres ont la haute main sur les Caisses), c’est un début prometteur.
L’affaire des Cantons
Une chose est sûre: il n’est plus question de considérer les affaires de primes maladie ou de coûts de la Santé comme des questions ne relevant que de la Berne fédérale. La Santé, c’est l’affaire des Cantons! Nous avons, à Genève, un hôpital universitaire, remarquable. Nous avons du personnel particulièrement qualifié. Nous avons un ministre de la Santé avec vision d’Etat, et réseaux de relations intercantonales. Il faut faire jouer tout cela. Montrer à Berne que Genève existe. Toutes les idées sont bonnes à prendre. Pas question, cette année, d’attendre sans agir le coup de matraque de l’an prochain.