Ils s’appellent Philippe Morel, Charles Selleger, Jean Romain. Les deux premiers sont médecins, le troisième est philosophe. Les trois sont députés. L’été dernier, troquant le costard pour le gilet de cuir, ils se sont embarqués pour cette grande aventure dont nous sommes beaucoup à rêver: ils se sont pointés à Chicago, ont loué des Harleys (que du bonheur!), et ils ont attaqué la mythique Route 66: des milliers de kilomètres vers l’Ouest, jusqu’à Santa Monica, au bord du Pacifique, en Californie.
A les écouter, ce dimanche 16 octobre, sur Léman Bleu, le plus sédentaire des spectateurs a dû sentir l’appel de l’aventure. Parce qu’ils en parlaient bien, les trois. On a vite saisi qu’il ne s’agissait pas que d’avaler gloutonnement des kilomètres, ni du seul masochisme d’aller se faire rôtir, sous le cuir, par 40 à 50 degrés, dans les déserts d’Arizona ou de Californie. Ni du seul fétichisme de la viande rouge, histoire de faire la nique au Buffet de la Gare de Lausanne.
Non. Il y a, dans le triple récit de cette aventure, l’aspiration à autre chose. C’est comme avec mon ami Duchosal, le Pèlerin: pourquoi part-on, à quoi rime le Chemin, que cherche-t-on, au fond? Dans cette histoire de Route 66, à travers Steinbeck, la grande crise de 29 et les Raisins de la Colère, c’est une plongée dans l’Histoire américaine, la profondeur de l’inconnu, entre deux océans. A écouter ces trois Messieurs, loin du simple vrombissement, c’est une Anabase qui s’est offerte à nous. Et si, nous aussi, nous partions?