Votations: sujets illisibles!

BULLETINS DE VOTE • Par pitié, simplifions le libellé des sujets! Certains d’entre eux, le 5 juin dernier, étaient carrément incompréhensibles. Un immense effort de pédagogie s’impose.

  • Pour l’électeur, les objets de votations peuvent être abscons. ISTOCK/MARJAN_APOSTOLOVIC

    Pour l’électeur, les objets de votations peuvent être abscons. ISTOCK/MARJAN_APOSTOLOVIC

La démocratie, c’est la transparence. L’une ne va pas sans l’autre. Nulle démocratie ne peut prospérer dans l’opacité. Si on sollicite les citoyennes et citoyens pour qu’ils se prononcent sur des sujets de votations, la moindre des choses est de libeller la question qu’on leur pose de façon simple, claire, accessible à tous. Car enfin, tout le monde, dans le corps électoral, n’est pas agrégé de grammaire, ni titulaire d’un doctorat en linguistique. On sait même qu’un nombre important de personnes, hélas, peinent à lire de façon aisée et cursive. Ce sont pourtant des citoyens. Leur vote a le même poids que celui d’un professeur d’Université. L’Etat a le devoir absolu de leur expliquer les enjeux des scrutins avec simplicité. Cela s’appelle la pédagogie.

Le rôle des médias

Il y a bien sûr le rôle des médias. J’en sais quelque chose: depuis tant d’années, en radio ou en télévision, j’organise des débats citoyens sur les sujets de votations. Toujours, nous voulons être parfaitement clairs lorsque nous résumons les enjeux. Si un invité se met à user d’un vocable trop complexe, ou d’un sigle, ou d’un mot compris par le seul microcosme, nous lui demandons aussitôt de bien vouloir traduire, en langage simple. Il y a les médias, oui, mais enfin nul citoyen n’est obligé de suivre des émissions, ni de lire un journal. Alors que le matériel de vote, lui, constitue le socle minimum d’informations dont dispose le votant. Quantité de gens ne lisent malheureusement que très peu, c’est pour eux une démarche aride. Il s’agit donc, si on veut que les gens votent, de leur présenter les enjeux non seulement de façon impeccable sur le fond, équilibrée quant aux arguments, mais aisée, plaisante, dans la forme. Il n’y a aucune raison que la lecture d’une brochure de vote fasse office d’abominable pensum.

Incompréhensible

Or, trop souvent, on prend le citoyen pour un docteur en droit. Lors du tout dernier scrutin, celui du 5 juin, l’objet cantonal no 5 était par exemple libellé ainsi: «Acceptez-vous la loi modifiant la loi sur l’imposition des personnes physiques (LIPP), imposition d’après la dépense selon le droit fédéral harmonisé (D3 – 08 – 11683), du 15 octobre 2015?». Ben, mon colon! Vous y comprenez quelque chose, vous? En clair, c’était la votation sur les forfaits fiscaux, chère au socialiste Romain de Sainte Marie. Mais enfin, puisque c’est le sujet, l’enjeu, l’info, ne pourrait-on pas titrer clairement, sur le bulletin de vote, en faisant apparaître les mots «forfaits fiscaux»?

Travail de pédagogie

A très juste titre, Ana Roch, la nouvelle présidente du MCG, qui venait d’officier au bureau de vote des Avanchets, a dénoncé au soir du dimanche 5 juin, dans le Grand Genève à Chaud, l’usage de ce jargon et de ces mots-barrages. En clair, ne faudrait-il pas exiger de la Chancellerie un véritable travail de simplification journalistique, de pédagogie, pour rendre son langage accessible à tous? Il en va de l’intérêt des citoyens pour la politique. Leur donner les moyens de comprendre les enjeux, c’est œuvrer au bien de la Cité.