Limiter le nombre de frontaliers et réserver les places de travail aux résidents du canton. Sur le papier, l’idée peut paraître séduisante. Fini le chômage à Genève et les bouchons matin et soir. Seulement voilà, comme toujours ou presque, une analyse trop simpliste ne prend en compte qu’une partie de la réalité. Economique d’abord: Genève a besoin des frontaliers. Le canton compte plus de places de travail que d’habitants actifs. Autrement dit, même en assurant un emploi à chaque Genevois, la population locale n’y suffirait pas.
Qui plus est, les branches où les frontaliers constituent l’essentiel des troupes sont légion. EMS, restaurants, boutiques de vêtements, bâtiment, supermarchés, bus ne pourraient tourner sans ces employés. A-t-on déjà oublié l’appel lancé par Mauro Poggia, ministre de la santé MCG, implorant les infirmières frontalières de venir travailler aux HUG en plein Covid? Si l’on veut réserver ces emplois aux résidents, il faut agir en amont: sur la formation. Afin que les jeunes diplômés genevois répondent aux besoins du marché du travail local. Sinon, on met la charrue avant les bœufs…
Enfin, limiter le nombre de frontaliers, c’est oublier que, dans ce bassin de vie qu’est le Grand Genève, nombre de pendulaires sont des Genevois qui ont quitté le canton faute de logement. Et qui ont été accueillis en France voisine. Que dirions-nous si le Pays de Gex et l’agglo annemassienne envisageaient un quota de résidents genevois afin de réserver ses appartements et villas aux siens?
Soyons pragmatiques: qu’à compétences égales, un employeur choisisse celui qui est à 10 min de tram du bureau plutôt qu’à 40 min de voiture ou celui qui connaît le terreau local plutôt qu’un Canadien paraît logique. Mais, imposer un nombre limité de frontaliers relève de l’arbitraire et d’une mauvaise connaissance du terrain.