Gare Cornavin, un lundi soir, dans le froid. Sur un pan de mur, le slogan de la campagne de Médecins sans frontières (MSF) s’affiche en lettres capitales: «Faut-il laisser couler?» La photo qui l’accompagne est celle de réfugiés sur une embarcation de fortune, sans doute au milieu de la Méditerranée. En face, une autre question lui fait écho: «Peut-on vraiment oublier?», interroge encore MSF.
L’actualité dramatique du mercredi 30 novembre, à Genève, nous somme d’ouvrir les yeux. Au foyer de l’Etoile, un jeune Afghan, de 18 ans seulement, a mis fin à ses jours. Ayant appris le rejet de sa demande d’asile et son renvoi prochain en Grèce, Alireza a préféré se donner la mort. Comme l’ont relevé les médias, son suicide rappelle celui de son homonyme, un Afghan, lui aussi pensionnaire du foyer, en 2019. De quoi s’interroger: qu’a-t-on fait ces quatre dernières années pour éviter que de tels drames ne se reproduisent?
L’histoire de ces deux jeunes ravive des souvenirs. Ceux de migrants, afghans eux aussi, croisés à l’automne 2016. Alors âgés d’une quinzaine d’années, ces ados avaient fui leur pays et tentaient de se reconstruire loin de chez eux. Dans leurs bagages, un chant afghan. «Ça dit que les différentes tribus d’Afghanistan doivent être unies comme doivent l’être les nations du monde entier», avaient-ils traduit. Un message qui ne peut laisser indifférent.