REGIONALES FRANCAISES • Jusqu’à la nausée, la soirée électorale française, dimanche 6 décembre, fut celle du déni. De gauche, de droite, les caciques défilant sur les plateaux n’ont cessé, à de rares exceptions près, de nous dire que tout allait bien pour leur parti. Jusqu’à la déclaration hallucinante de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, porte-parole du gouvernement, se délectant du fait que «le total des partis de gauche» en faisait le premier parti de France! M. Le Foll (un frère du regretté roi Charles?) reléguant le Docteur Coué au rang de jouvenceau.
De cette soirée, il n’y a qu’une vérité à retenir: le Front national a gagné ces élections. Qu’il remporte ou non des régions dimanche prochain, il a incroyablement progressé sur la carte politique française. On peut s’en réjouir, ou au contraire le regretter, chacun est libre de son appréciation. Mais la moindre des choses est de regarder les faits.
En Suisse aussi, le déni existe. L’UDC, au niveau fédéral, tutoie les 30%? Pas grave! Il y aura toujours un rigolo pour vous dire qu’après tout, 70% des Suisses ne votent pas pour ce parti (donc, 93% ne votent pas, par exemple, pour les Verts). A Genève, une «Nouvelle Force» constitue près d’un tiers de l’électorat? Aucun problème, nous rétorquera-t-on: c’est provisoire, juste une éruption de fièvre, tout va bientôt rentrer dans l’ordre.
En politique, le déni est pernicieux. Il est le frère cadet de la cécité. Plus qu’une maladresse, il constitue une faute: ne pas voir le réel, ne pas apprécier le champ de bataille tel qu’il est, c’est la promesses de pires défaites encore, pour les combats suivants.