Treize sujets: génial!

VOTATIONS • Ce week-end, le corps électoral sera très sollicité. Il n’y a aucune raison de s’en plaindre: c’est au contraire une chance citoyenne, unique au monde.

  • Aucune excuse pour bouder une votation. ISTOCK

    Aucune excuse pour bouder une votation. ISTOCK

«Nous sommes sans doute le seul pays au monde où les citoyens sont à ce point sollicités»

Pascal Décaillet

Quatre sujets fédéraux. Huit cantonaux. Et, si vous habitez comme moi en Ville de Genève, un sacré sujet municipal: le Musée d’Art et d’Histoire! Au total, treize objets de votations ce dimanche 28 février. A la maison, nous recevons trois brochures (fédérale, cantonale, municipale), où les enjeux sont bien résumés: il suffit de prendre la peine de les lire. Nous avons également un bulletin de vote, avec les treize objets, et treize croix à inscrire, pour des oui ou des non. Un pensum? Vous plaisantez! C’est, au contraire, une chance extraordinaire, dont nous n’apprécions pas assez la singularité: nous sommes sans doute le seul pays au monde où les citoyens sont à ce point sollicités pour décider des affaires de la Cité. Nous n’allons tout de même pas nous en plaindre.

Deux millions de votants réels

Les citoyens, ce n’est pas l’ensemble de la population. Au niveau fédéral par exemple, ce sont les Suisses, âgés d’au moins 18 ans. Donc, quelque cinq millions de votants potentiels, sur huit millions d’habitants. Sur ces cinq millions, avec par exemple une participation de 40%, nous avons deux millions de votants réels. Ça n’est pas rien, loin de là. Et ça donne à la décision finale un autre poids, une autre légitimité, que le seul vote parlementaire. Dans l’immense majorité des cas, on se contente pourtant des lois votées par nos élus, à Berne. Pour que le peuple s’en mêle, il faut qu’il y ait eu référendum contre une loi. Ou initiative populaire fédérale, ayant recueilli cent mille signatures, et devant obtenir, un beau dimanche, la double majorité, peuple et cantons.

Enviés par nos voisins

Il est donc faux de définir la démocratie directe comme une ennemie du Parlement. Elle ne l’est pas. Elle est, simplement, à ses côtés, un autre acteur de la vie politique suisse. Attaquer par référendum une loi votée par les Chambres fédérales n’est pas un signe de défiance. Simplement, un appel à la décision d’un corps électoral plus large: le monde nous l’envie! Lancer une initiative, c’est faire trancher par le suffrage universel un sujet que le monde parlementaire aurait sous-estimé, ou refusé de voir: cela constitue une exceptionnelle soupape pour que puissent émerger, en débat national, des thèmes bien réels, mais mal perçus par les élites politiques. Cela aussi, nos voisins nous l’envient.

Bien informés

Reste l’accès à l’information. Les brochures sont bien faites, mais un peu arides. Et c’est là qu’intervient le rôle des médias. Un bon débat, bien vivant, avec la parole donnée à tous, une présentation claire et accessible des enjeux, les fronts bien posés, tout cela permet évidemment à un très large public de se faire une idée. Encore faut-il que tous les médias aient à cœur de traiter la vie citoyenne. Et qu’un maximum de personnes, dans le corps électoral, comprenne que le droit de vote va de pair avec le devoir de s’informer. Brochures. Emissions, débats, pages dans les journaux: il n’y a vraiment aucune excuse, en 2016, pour bouder une votation en ayant le culot de prétendre que les sujets sont obscurs, ou n’ont pas été présentés au public.