COMMENTAIRE - Nuit magique

  • Pascal Décaillet.

    Pascal Décaillet.

C’est le tout dernier truc à la mode dans les chaumières. La brise de mai qui fait frissonner le bourgeois. Ça s’appelle Nuit debout, on en entend parler depuis un certain temps à Paris, et il paraît que les voilà à Genève. Enfin, disons que voilà quelques quidams à Plainpalais, dont on nous annonce la verticalité nocturne à l’heure où Monsieur X ou Madame Y, qui se lèvent le matin pour aller gagner leur vie et celle de leurs enfants, ont l’outrecuidance de dormir couchés.

Nuit debout, c’est quoi? J’ai lu, et n’ai toujours pas compris. Pas plus que je n’avais saisi, il y a cinq ans, le message profond qui émanait des Indignés, pour peu qu’il y en eût un. Le schéma est exactement le même: on nous dit qu’il y a des gens quelque part, qu’ils se tiennent ensemble, qu’ils ne sortiront de là que par la force des baïonnettes. Fort bien. Mais personne n’est capable de nous dire l’essentiel: le sens de leur rassemblement. On place la posture avant le message.

Les gens de Nuit debout, je ne les connais pas, je ne dirai d’eux ni bien, ni mal. Mais ce que je vois, comme avec les Indignés, c’est le singulier effet de fascination, voire de peur, que ces quelques rassemblements, relayés avec un prisme déformant par les médias, peuvent exercer sur les consciences. Ils sont quarante, allez disons cent? Soit. Eh bien dans notre pays, il en faut cent mille pour qu’on vote sur une initiative, et des centaines de milliers pour qu’elle soit acceptée. Laissons-les donc, ils sont libres, le droit de se réunir est garanti. Mais pourquoi, si ce n’est vouloir faire mode, leur attacher tant d’importance?