NOIRCEUR DU POUVOIR
«Le fusible des fusibles»: sous ce titre, nous prenions parti, ici même, le 15 juin dernier, pour le numéro 2 de la Police genevoise, Christian Cudré-Mauroux, dans l’affaire de la manif sauvage du 19 décembre 2015.
Il nous semblait un peu étrange que l’homme fût soumis aux pires sanctions administratives, allant jusqu’à la dégradation, alors que l’enquête parlementaire de la Commission de contrôle de gestion ne délivrerait ses conclusions qu’après les vacances. Charrue avant les bœufs.
Les conclusions de l’enquête, on les connaît depuis le week-end dernier, grâce aux révélations de Léman Bleu. Soyons clairs: elles vont largement dans le sens d’une défense de M. Cudré-Mauroux. Les responsabilités sont largement partagées! Dès lors, et sans nous prononcer sur le détail de l’affaire, il nous apparaît qu’il était parfaitement légitime, il y a trois mois, d’exercer ici notre mission de mise en doute des actes du pouvoir. Si le journalisme ne sert pas à une certaine lecture critique des puissants, à quoi sert-il?
Oui, il y a eu fusible. Non, la dégradation, avec tout ce qu’elle porte en elle d’infamant et de spectaculaire, de référence au Capitaine Dreyfus, n’était pas proportionnée. Oui, le pouvoir politique a cherché à se dédouaner. C’est classique, vieux comme le monde. Encore faut-il avoir la lucidité de le dénoncer sur le moment. Parce que trois mois après, c’est un peu tard. Le pouvoir, toujours, en son éternelle noirceur, actionne les mêmes mécanismes. Que du moins on n’entrave pas la tâche de ceux qui les mettent en lumière.