J’ai dénoncé, à l’automne 2015, l’accueil inconsidéré, par l’Allemagne, de plus d’un million de personnes totalement étrangères à la communauté allemande, ce qu’ils appellent la Gemeinschaft, et cinq ans après, j’assume absolument cette position. Mais dans l’analyse politique, il faut être juste: dans l’affaire de la crise sanitaire, je reconnais à Angela Merkel un savoir-faire unique en Europe.
Là où la France échoue, là où la Suisse louvoie, notre grand voisin du Nord donne des signes de réussite. Je ne parle pas ici des chiffres, mais de la tonalité du pouvoir, des inflexions de voix de la chancelière. Et nous sommes au cœur de la réflexion de la présente page: la confiance.
Oui, Angela Merkel, qui arrive doucement au terme de ses longues années à la Chancellerie, a su trouver les méthodes et les mots pour avoir avec elle les Allemands. Elle a fait tout juste. Elle ne leur a pas parlé de haut, elle a juste été avec eux. Elle n’a jamais élevé la voix, jamais fait la leçon, jamais tonné à la prussienne. Non, elle a partagé la souffrance du peuple germanique. Et le peuple l’a soutenue.
Elle n’a même pas eu besoin, cette fois, comme à l’époque des réfugiés, de dire Wir schaffen das. Elle n’a pas dit. Elle a fait. Reprenez ses interventions: la voix est modulée, les données sont factuelles, elle empoigne le problème comme une physicienne s’attaque à une équation. Elle dit le réel, sans forcer. Cette gestion de la crise par la chancelière restera, en Europe, un exemple.