Enfance

  • ©OLIVIER JAQUET

    Cette semaine, mon fils reçoit son carnet. Il finit sa 8P, il entre au cycle d’orientation l’année prochaine. Il a 12 ans. Et il stresse.

    Les notes c’est bon, il gère. Mais, un 4,5, ça le déçoit parce qu’il pense que c’est mauvais. Quand il part à l’école, il a peur d’être en retard. L’idée d’un devoir non fait est inacceptable pour lui. Mais, il est tellement fatigué et disons-le, il en a tellement marre qu’il peine à se mettre au boulot et surtout à y trouver du sens. Penser à faire signer des machins, à rendre des trucs. Il travaille à 90%, il a un après-midi de libre par semaine.

    Tout ça pour quoi? Pourquoi doit-on leur imposer ce rythme? Comment peut-on arguer que c’est bon pour leur apprentissage? Et il faudrait aussi de l’activité physique, un peu d’art, pas trop d’écran, ni de sucre, une visite culturelle et de la pleine conscience.

    On les prépare à la «vraie vie», celle ou on bosse quand on nous le demande, sans poser de question, sans rêver, sans respirer et ou les assurances maladies nous donnent des conseils de bien-être parce que tout ça dépend de nous.

    Mon fils a 12 ans et il stresse. C’est un enfant, il est au bout du rouleau. Il devrait être content de découvrir la vie et il est déjà sous le joug de la performance et des objectifs. Le système libéral en a déjà fait un corps supplicié.

    Mon fils est un rêveur, un créatif, un intello. Il a besoin de temps et qu’on lui foute la paix. Il aime dessiner, jouer à des jeux vidéo, regarder des conneries sur YouTube et manger des nuggets.

    C’est un enfant. Il a le droit de jouir, encore, de plaisirs puérils et non productifs. Il a le droit d’aller à son rythme et de ne pas se suradapter. Le préparer à la vraie vie, d’accord, mais ça veut dire lui apprendre à se respecter, à être authentique et à travailler à sa manière, parce que c’est comme ça qu’on est «efficace» et «performant». Et surtout, qu’on est heureux! Je ne lui souhaite rien d’autre.