Ah! le Grand Genève. Tout le monde en parle mais bien peu sont en mesure de nous expliquer de quoi il s'agit exactement. Bien peu... sauf Charles Beer, président du Conseil d'Etat et Guy Mettan, journaliste et député PDC. Pour faire évoluer l'image de «grand machin un peu mégalo» qui colle à la peau de l'agglo, ils ont choisi la plume. Le premier, pour révéler ce que cache cette région parmi les plus dynamiques d'Europe. Le second, pour recenser les faiblesses d'une Cité-Etat devenue un peu rapidement métropole transfrontalière. «Agglosceptiques», respirez.
Même ainsi partiellement résumés, les deux ouvrages sont à lire absolument. Le problème, ce n'est pas leur pertinence éclairée ou éclairante. Au fond, être favorable ou non au Grand Genève importe moins que de se sentir concerné par ce mégaprojet. Or, c'est justement là que le bât blesse. Le Grand Genève laisse de marbre une grande majorité de la population. Pourquoi? Parce que celle-ci n'a jamais été consultée. Ni à Genève, ni dans le canton de Vaud, ni en France voisine. Difficile dans ces conditions de susciter l'intérêt, voire l'enthousiasme. Il y a une seconde résistance, encore plus délicate à surmonter. Personne aujourd'hui n'est en mesure d'expliquer ce qu'est «l'esprit du Grand Genève». De lui donner une identité et une diversité capables d'entraîner les foules au-delà des frontières cantonales et nationales. Sans cet esprit, tous les efforts, aussi brillants soient-ils, resteront vains. Pire, tous ceux qui feront mine de s'attaquer au Grand Genève ne parleront en réalité que d'une autre facette de Genève.