Est-ce que vous culpabilisez de faire le plein de votre voiture? De chauffer votre maison au mazout? Le discours général vous y incite. Est-il certain que cette «vérité» soit la bonne? Yves Roucaute, philosophe, professeur, apporte une vision à contre-courant.
GHI: Vous écrivez qu’il faut plutôt défendre l’humanité que sauver la planète, pourquoi? Yves Roucaute: Je remets l’humain au centre, dans une réponse globale, précise, appuyée sur les sciences. Nous sommes confrontés à une armada obscurantiste, faux écologistes, altermondialistes, marxistes recyclés, etc., qui attisent la haine de soi dans les démocraties. On voit se développer une volonté totalitaire touchant le sapin de Noël, le foie gras, les barbecues, les voitures, les avions, etc.
– La température est-elle un problème? La Terre a 4,5 milliards d’années, les hominines 7 millions, le genre Homo 2,8 millions, notre espèce, 300’000 ans. Si la planète avait dû mourir pour cause d’activité humaine, en particulier de réchauffement, cela se saurait. Il fait aujourd’hui 15° en moyenne, les dinosaures vivaient avec 30°C et broutaient dans l’actuel Groenland. Il y a 4200 ans, la sécheresse a rasé la civilisation d’Akkad, héritière de Sumer qui a inventé l’écriture. De 950 à la Renaissance, les Vikings installèrent deux colonies au Groenland et, dans le Nord européen, on cultivait des vignes.
– Le vivant serait-il menacé? Avant l’humanité, 99,9% du vivant a été exterminé. Puis, toutes les espèces d’hominines, jusqu’au genre Homo et 21 des 22 espèces du genre Homo aussi. Nos ancêtres ont subi 17 glaciations, dont 4 monstrueuses, des réchauffements violents, séismes, éruptions volcaniques, tsunamis, inondations, maladies virales et bactériologiques, attaques animales… A la fin de la dernière glaciation, il y a 12’000 ans, il restait 500’000 survivants seulement!
– Et le CO2? Si le réchauffement était dû au CO2, et celui-ci aux humains, pourquoi a-t-il fait plus chaud avant qu’il y ait des humains? Le CO2 n’est pas le principal gaz à effet de serre, car c’est la vapeur d’eau, de 60% à 85% selon les périodes. Le taux de CO2 est aujourd’hui de 0,0415%. Or, depuis 541 millions d’années, il a été globalement 8 à 17 fois plus élevé qu’aujourd’hui, hors glaciations. Il y eut même des taux plus élevés lors de certaines glaciations. Le plus formidable, c’est que grâce à la croissance qui finance les sciences, il est même possible aujourd’hui de faire de ce CO2 une formidable source d’oxygène et d’énergie, en cassant la molécule.
– Les énergies vont-elles s’épuiser? L’idée d’un épuisement de l’énergie est une galéjade. Les réserves de pétrole sont passées de 1025 milliards de barils en 2010 à 1730 milliards en 2020. Souvenons-nous que les hydrocarbures sont composés de molécules et que celles-ci peuvent être produites. C’est ce que font les biotechnologies dites blanches que je décris dans le livre.
– Alors pourquoi y a-t-il toute cette pression écologiste? Il est temps de s’apercevoir que les rouge-verts, à travers les automobiles, visent la liberté individuelle. L’individu est l’ennemi. Transporter en commun, marcher au pas, devenir un animal de troupeau dont ils auraient la charge, tel est leur objectif. Voilà pourquoi ils taxent et interdisent, dénoncent et poursuivent l’automobile. Et, par leur terrorisme intellectuel, ils affaiblissent des démocraties occidentales qui en viennent à saboter leur propre industrie automobile, incapable de répondre aux obligations électriques imposées par les idéologues, tandis que l’industrie asiatique est en pleine expansion.
«L’Obscurantisme vert», Yves Roucaute, éd. du Cerf