«Maman, dehors, c’est tout jaune! c’est normal?» Mardi 15 mars, Genève s’est réveillée sous un ciel couleur safran, se confondant avec le ghorr orange de la plaine de Plainpalais. De quoi donner une ambiance de fin du monde, vous ne trouvez pas? Pour le symbole, on en restera là. Le vent sibérien soufflant sur l’Europe de l’est et dévastant l’Ukraine fait déjà bien assez froid dans le dos.
Revenons donc sous nos cieux mordorés. Est-ce normal? La réponse est oui! Ce phénomène, connu depuis très longtemps, est dû aux poussières du Sahara portées par le fœhn. Pourquoi, dès lors, sommes-nous si surpris? Et pourquoi n’avons-nous pas de souvenir d’enfance de ce filtre sépia?
L’explication tient sans doute en deux temps. D’abord, on se préoccupait beaucoup moins des changements climatiques et les clichés ne circulaient pas sur Facebook. De plus, la qualité de l’air s’est améliorée. Résultat: la diminution des particules fines permet de mieux observer les variations colorées du ciel.
En voilà une bonne nouvelle! Pas de quoi s’emballer tout de même. Dans le même temps, la neige manque cruellement en station. Et le réchauffement moyen des températures est alarmant. Si l’on est bien sûr jamais à l’abri de variations annuelles, tel que le retour des flocons en avril comme on l’a vu en 2021, reste que la planète bleue voit rouge. Et qu’il est plus que temps que l’on cesse de fermer les yeux et que l’on se préoccupe enfin de ce qui se passe là-haut («Look up!» comme dirait Léo Di Caprio). En faisant un brin plus que de prendre des photos à poster sur les réseaux sociaux.