Affaire Ramadan: que s'est-il passé dans la chambre 511?

  • Tariq Ramadan entouré de ses avocats. MP

«Je n’ai pas violé votre cliente, ni personne sur la surface de la terre.» S’adressant à l’avocat de Brigitte*, qui l’accuse d’avoir abusé d’elle en 2008, Tariq Ramadan clame son innocence devant le Tribunal correctionnel. Pourtant affaibli par la maladie, soit la sclérose en plaques, l’islamologue genevois de 60 ans s’est montré très combatif lors de son procès qui s’est ouvert lundi 15 mai, devant une salle comble. A noter, le témoignage surprise de l'humoriste controversé Dieudonné, mardi matin.

Tout tourne finalement autour d'une question: que s’est-il passé dans la chambre 511 de l’hôtel Mon Repos, aux Pâquis, durant la nuit du 28 au 29 octobre 2008? C’est ce que les juges devront déterminer. Deux récits s’opposent. La plaignante affirme avoir été violée à trois reprises. «Chaque fois qu'il est à califourchon sur moi, il me frappe la tête et me pénètre. Tout est rythmé par les injures, les coups et la pénétration», raconte-t-elle. «J'avais peur de mourir suite aux coups à la tête» puis «par étouffement», lorsqu'il l'oblige, plus tard dans la nuit, à lui prodiguer une fellation.

A en croire le prévenu, rien de tout cela n’est arrivé. Tariq Ramadan, lui, décrit une femme «entreprenante». Et ce, avant même leur rencontre à travers les messages: «Je t’aime; Tu me plais...» De quoi susciter sa curiosité. «La sagesse aurait voulu que je m’en éloigne totalement mais je restais un homme, vulnérable et souvent très seul», précise le prévenu. Selon lui, ce soir-là, la rencontre a lieu dans le lobby de l’hôtel. Puis, alors qu’il a gagné sa chambre, elle monte le rejoindre sans y avoir été invitée. Suit, toujours selon lui, une scène de baisers et de caresses. Jusqu’à ce qu’il soit gêné par l’odeur de son foulard et se retrouve avec deux extensions de cheveux entre les mains. Il recule alors et découvre du sang. «Quand j’ai vu cette tache, que je l’ai vue sur le lit, je me suis dit que c’était un piège.» Il stoppe tout.

Le lendemain, après son départ, Brigitte lui écrit: «Je rêve de t’embrasser; je rêve que tu me fasses confiance...» Comment dès lors expliquer le dépôt de plainte en 2018? Aux yeux de Tariq Ramadan, c’est «un traquenard. Sa souffrance, c’est que je l’ai éconduite. Sa vengeance c’est que je vais tomber.» Brigitte, elle, explique: «J'ai mis beaucoup, beaucoup de temps à en parler. Ça a été un long processus. J'ai simplement essayé de décrire ce qui m'était arrivé. Le mot viol ne m'appartient pas. Ce n'est pas à moi de poser le diagnostic.»

Quelle version convaincra les juges? Verdict le 24 mai.