Des restaurants vendent l’eau du robinet à prix d’or

  • Certains restaurateurs n’hésitent pas à facturer la carafe d’eau aux clients. 123 RF.

    Certains restaurateurs n’hésitent pas à facturer la carafe d’eau aux clients. 123 RF.

CONSOMMATION • «Nous avons déboursé 3 francs pour une carafe d’eau au Café de Montbrillant et même 8 francs à la buvette du tennis de Champel, à Vessy. L’eau est-elle aussi rare que dans un pays en guerre? Je suis outré par la façon de faire de certains restaurateurs», s’exaspère Felipe, un retraité genevois.

En cause: les tarifs exorbitants pratiqués par certains restaurants pour une carafe de château-la-pompe. «A Vessy, nous avons commandé pour plus de 770 francs. Quelle déception de devoir payer l’eau du robinet. D’autant plus que dans les régions voisines, la carafe d’eau est systématiquement posée sur la table et elle est toujours gratuite», ajoute le consommateur.

Contacté, Monsieur Prix, qui assure la surveillance des prix en Suisse, défend les restaurateurs. «C’est un marché libre. Il est régi par les lois de la concurrence. Le client a le choix et il peut privilégier un autre établissement en fonction du prix et de la qualité», rappelle Rudolf Lanz, responsable pour l’information.

Même son de cloche du côté de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève (SCRHG), qui rappelle elle aussi la légalité de la pratique, à condition que le prix soit indiqué sur la carte. Pour son président, Laurent Terlinchamp, la plupart des établissements n’aurait pas le choix. «Nous parlons de petits commerçants qui peinent à joindre les deux bouts.

Je suis triste que nous soyons dans l’obligation de vendre de l’eau du robinet mais c’est souvent la seule solution pour ne pas mettre la clé sous la porte.»

«Rien n’est gratuit»

Plus largement, la SCRHG rappelle que les restaurants fournissent une véritable prestation, pour laquelle il est normal de payer. «Il faut faire tourner le lave-vaisselle, nettoyer la table, payer les factures d’électricité et les salaires… Lorsqu’un client est dans un restaurant, il ne se rend pas nécessairement compte du travail effectué en coulisse», précise Laurent Terlinchamp.

Parmi les nombreuses adresses genevoises contactées pour les besoins de cet article, la plupart affirment pourtant ne pas faire payer la carafe à leurs clients. A l’image du restaurant du centre sportif de Vessy, aux mains de Laurent Chabbey depuis 22 ans, qui n’a jamais été contraint de facturer de l’eau du robinet. Mais ici aussi, on dit comprendre les prix parfois pratiqués par la concurrence. «Tout le monde croit que c’est facile, qu’on vient au resto et que l’eau est gratos. Mais rien n’est gratuit!», conclut le patron. TR