La pub, pollution visuelle et mentale
Delphine Wuest, conseillère municipale Les Vert.e.s Ville de Genève

OUI • Vous le voyez l'argument de la PME (petite et moyenne entreprise) qui pointe le bout de son nez? Certains prétendent que «l’initiative zéro pub va faire couler les petits commerces!». Baladez-vous dans nos rues et vous verrez qui s’affiche: assurances maladies, compagnies aériennes low cost, marques de voitures... Votre boulanger et votre coiffeuse n’utilisent pas l’affichage commercial: ils n’en ont ni les moyens, ni le besoin. Côté pub, le bouche-à-oreille reste leur meilleur allié.
La publicité commerciale prend de l’espace: dans la Ville mais aussi dans la tête des gens. On se souvient du patron de TF1 qui déjà en 2004 parlait de «temps de cerveau disponible» pour appâter les annonceurs. Il s’agit aujourd’hui de se réapproprier l’espace public, de pouvoir déambuler en laissant son esprit respirer.
Demandez-vous pourquoi certains quartiers «chics», comme la Vieille-Ville ou les quais, sont déjà sortis de la pub. En effet, elle dégouline plus volontiers sur le paysage des quartiers populaires. Les affiches de crédit à la consommation y pullulent, avec pour conséquence le surendettement, un fléau qui touche une majorité de jeunes et induit des coûts pour la société.
On sait qu’il faut consommer moins: pour la planète et pour notre santé. Pourtant, on continue à acheter inutile, à voyager mal, à manger trop. La publicité nous y incite. Comment repenser notre consommation tant qu'on nous bombarde à tout bout de champ? Comment s’en sortir avec ces injonctions contradictoires? Faisons le premier pas en nous libérant de l’affichage commercial.
Les entreprises ont besoin d'un coup de pouce!
Marie-Agnès Bertinat, conseillère munickpale UDC en Ville de Genève

NON • En cette période incertaine de conflit entre l’Ukraine et la Russie, nos PME ont plus besoin d’un coup de pouce que d’un coup de pied. Supprimer l’affichage en Ville, c’est diminuer fortement le dynamisme de nos entreprises locales. Celles-ci représentent 74% des affiches commerciales exposées et rapportent 90% des revenus liés à l’affichage. Soit plus de 4 millions par an pour la Ville. Les pertes indirectes sont estimées à 10 millions.
Les professionnels de l’affichage comme les graphistes et les imprimeurs seront les premiers impactés si la votation était acceptée. Des emplois vont disparaître et cela est intolérable. Etre social, c’est créer des emplois et non en faire mourir.
J’ai souvent entendu parler de «pollution visuelle» de la part des adeptes de cette initiative. Il faut savoir que la Ville de Genève propose le moins d’affiches par habitant en Suisse (3,9/1000 habitants). La seule pollution visuelle sera un «affichage libre», des panneaux vierges destinés à l’expression libre, citoyenne et artistiquement bien sûr de «gôche» à l’entretien coûteux.
L’UDC se bat pour augmenter la liberté entrepreneuriale et contre la multiplication des lois et autres interdictions qui entravent nos entreprises. Pour la gauche et les Verts qui aiment tant puiser dans les poches des contribuables, c’est exactement le contraire: ils entravent dangereusement l’économie privée en castrant l’activité économique, pourvoyeurs d’emplois et... d’impôts.