Après deux ans de pandémie, la pauvreté a explosé, et nombre de sociétés ont été contraintes d’arrêter leur activité pendant de longs mois. Et pourtant: le nombre de faillites des entreprises genevoises baisse selon l’outil PilierPublic.com. D’après la plateforme qui analyse les chiffres de l’Etat et compile les données officielles publiées en vrac sur Internet, le canton est passé de plus de 600 faillites par an à moins de 500 depuis la crise. Sur deux ans, ce sont presque 400 faillites en moins qui auraient été enregistrées.
Faillites personnelles stables
«Il y a sans doute un effet Covid. Si on compare avec les faillites personnelles, on peut en déduire que les aides ont visiblement bien fonctionné pour les entreprises», avance Guilhem Tardy, le fondateur de PilierPublic.com, pour expliquer cette tendance. D’après les chiffres recueillis par la plateforme, les faillites personnelles sont en effet restées globalement stables ces dix dernières années.
Autre indicateur: les sommations aux sociétés seraient, elles, en forte hausse depuis le début de la pandémie. D’après PilierPublic.com, celles-ci auraient même atteint un record en janvier 2022 (51 sommations en un mois). «Les mesures gouvernementales en lien avec la crise Covid ont pu éviter jusqu’ici des défauts de paiement», juge Guilhem Tardy. Il ajoute: «Aujourd’hui, plus que jamais, les entreprises doivent garder un œil attentif à la santé financière de leurs partenaires et être capables de réagir rapidement en cas de difficultés, par exemple chez un prestataire ou un client.»
Soutien à l’économie
Du côté des autorités, l’Office des faillites se montre plus prudent sur ses chiffres. «Les données à la fin 2021 sont encore provisoires et à confirmer d’ici trois mois», détaille Philippe Dunant, secrétaire général adjoint au Département des finances. Plus largement, les statistiques officielles ne suivent pas le même découpage que celui de PilierPublic.com, ce qui complique la comparaison. Selon le découpage officiel, les faillites d’entreprises «s’étendent non seulement aux sociétés mais aussi aux particuliers qui détiennent des entreprises individuelles inscrites au registre du commerce», ajoute le chargé de communication.
Même si l’approche est différente, le Département des finances n’observe pas de hausse des faillites malgré la crise du Covid. «Pour l’heure, les mesures de soutien à l’économie semblent avoir rempli leur objectif», relève Philippe Dunant.
Avenir incertain
Un avis partagé par Peter Pirkl, avocat spécialisé dans les affaires de créances. «Ces aides ont été nécessaires pour éviter une hécatombe. Grâce notamment aux réductions de l’horaire de travail (RHT), au chômage partiel ainsi qu’aux prêts Covid, la catastrophe que nous craignions n’a pas eu lieu», salue l’homme de loi.
Mais si Peter Pirkl reconnaît le mérite de ces aides financières, ce sont également elles qui l’inquiètent sur le long terme. «Le problème, c’est l’après-Covid. Si les grandes sociétés trouveront sans doute des solutions, ce ne sera pas le cas des petites et moyennes entreprises, dont certaines ont été placées sous perfusion. Et qui vont devoir rembourser leurs emprunts. On peut alors s’attendre à une hausse importante des faillites dans un avenir proche», prévient l’avocat.