L’insondable mystère du mal… Sans doute la jeune Marie Schluchter, fille du pasteur de Villars-sur-Ollon, Antoine et de son épouse Evelyne en avait-elle entendu parler au détour d’un culte. Mais la jeune et jolie apprentie sommelière de 19 ans ne se serait jamais doutée qu’il viendrait mettre un terme à sa courte vie une triste nuit de mai 2013. Le mal absolu s’était alors incarné cette fois en la personne de Claude Dubois, un fils de bonne famille pourri gâté originaire de Bulle, présentant et parlant bien.
Tuée de cinq balles
Lorsqu’il fait la connaissance de Marie, cet homme est depuis peu en détention en arrêt domiciliaire avec un bracelet électronique à la cheville et des horaires à respecter. Il est de 18 ans son aîné. C’est une «personnalité dyssociale» atteinte de «psychopathie» et souffrant de «troubles multiples de la préférence sexuelle». Mais à part un travers narcissique évident et une étrange lueur dans son regard, pas grand-chose ne permet de le supposer. En 2000, le Fribourgeois avait pourtant écopé de 20 ans de prison pour l’assassinat de son ex-compagne à La Lécherette (VD). Il avait abattu de cinq balles cette hygiéniste dentaire plus âgée que lui car elle avait voulu le quitter.
Une superficielle relation amoureuse se noue pourtant entre Marie et Claude. Elle fera long feu. Nous sommes le 22 avril 2013. «Je vis une sorte de rêve éveillé… mais plus dure risque d’en être la chute», écrit Dubois sur son compte facebook le 24 avril. Une phrase prémonitoire qui avec le recul fait froid dans le dos. L’assassin écrit aussi pathétiquement: «Je suis passablement occupé à conter fleurette à ma nouvelle promise:-) Elle s’est déjà éprise de moi et cette nuit a lâché un discret’’bb’’. Elle s’imagine déjà avoir des enfants avec moi, désire porter mon nom et cherche des robes de mariées sur le Net… Bref, je crois qu’elle m’aime et moi aussi d’ailleurs:-)»
Un pervers narcissique
L’homme officie alors comme vendeur en informatique. Il est très actif sur les réseaux sociaux où il sévit sous le pseudo «Teddy Des Bois» avec une photo de profil montrant l’ours en peluche qu’il promène systématiquement à ses côtés sur le siège passager de sa voiture... La justice avait cru bon de lui donner une seconde chance après presque 14 années d’emprisonnement… En prison, son comportement était satisfaisant même si l’homme était quasi unanimement détesté de ses codétenus. «Sans même ouvrir la bouche, Claude inspirait d’emblée chez les gens une réaction de rejet. C’était très bizarre», avait confessé dans la presse l’aumônier qui venait lui rendre visite. Là, le Fribourgeois avait trouvé le moyen d’épouser une femme venue lui rendre visite. Plus tard, il s’était mis à la harceler.
A peine trois semaines après avoir rencontré Claude Dubois, Marie sera tuée par lui. Entre-temps, la jeune femme s’était éloignée du trentenaire, appuyant par là même sans le savoir sur sa peur panique de l’abandon comme sur un détonateur. Dans l’après-midi du 14 mai, Dubois se présente au volant de la Yaris de son père devant le restaurant du golf de Payerne où Marie Schluchter travaillait. Huit heures durant, malgré la police lancée à ses trousses, il la séquestre. Vers 3 heures du matin le 15 mai, après l’avoir embrassée et attouchée, le psychopathe ôte sa ceinture et étrangle sa victime dans un bois broyard à 10 km de Payerne. La police l’arrêtera peu après. L’homme écopera en première instance de la perpétuité et de l’internement à vie mais cela ne fera pas revenir Marie…