Alors que la France vient d’assouplir son dispositif anti-loup, la Suisse a déjà fait le bilan. Durant les deux mois de tirs de régulation opérés à la suite du feu vert de l’Office fédéral de l'environnement, 27 loups ont été abattus en Valais, 20 dans les Grisons et un seul dans le canton de Vaud. Quant à Genève, le seul loup concerné par les tirs se trouve au Muséum d’Histoire Naturelle (actuellement fermé pour travaux). Ce mâle de 3 ans, tué en mars 2022 lors de tirs de régulation de la meute du Marchairuz dans le Jura vaudois, a repris vie grâce au travail des taxidermistes. Le musée offre ainsi l’occasion de se familiariser avec cet animal régulièrement en visite à Genève. D’ailleurs, doit-on craindre la présence du loup dans le canton? Que faire en cas de rencontre? On fait le point.
A Genève aussi, on crie au loup
Davantage présent dans le Jura vaudois, en Valais ou dans les Grisons, le loup a néanmoins été aperçu à Genève à plusieurs reprises ces dernières années. Une meute rôde notamment à la frontière franco-suisse, côté Jura. En raison de la ressemblance avec certains chiens, les gardes de l’environnement du canton ne confirment la présence d’un loup que lorsque celui-ci a été photographié. «Des pièges photographiques ont été installés afin de suivre l'évolution de la faune sauvage. Si un loup vient dans la région, il y a des chances qu'il soit photographié, mais ce n'est pas systématique», explique le chef des gardes de l'environnement, Yves Bourguignon. Ainsi, le spécimen apparu dans la région de Jussy en avril dernier a été détecté par l'un des appareils installés par les autorités, puis deux autres observations ont été faites par des citoyens. On ignore s’il s’agissait du même loup.
Si beaucoup d’éleveurs genevois étaient déjà protégés de la présence non contrôlée de chiens, des clôtures électriques leur ont récemment été fournies par le Canton pour
le petit bétail, comme les moutons, cible principale des attaques de loups. Selon Valérian Vittet, garde cantonal de l’environnement,
«les agriculteurs concernés sont prévenus lorsqu’un loup est observé à Genève, mais bien souvent, il est juste de passage». Des tirs de régulation semblent donc bien superflus. Et Valérian Vittet d’ajouter: «Les citoyens, comme les agriculteurs, ont parfois des interrogations, mais je n'ai jamais ressenti d’inquiétude vis-à-vis de ces apparitions».
Aux abords des villes
Pour s’établir sur un territoire,
le loup a deux critères: un réservoir de proies et des zones de repli, car il aime se cacher. A Versoix, la présence de forêts, et donc de gibier, peut l’attirer. Si l’on peut s’émerveiller de voir une biche ou un chevreuil à proximité des villages,
leurs prédateurs sont parfois tentés de les suivre. Le loup joue d’ailleurs un rôle majeur dans l’écosystème forestier. Possédant de grandes capacités d’adaptation, il n’est pas si étonnant de le croiser à l’entrée
des villes dont le développement ne cesse d’empiéter sur les espaces naturels.
Il est donc possible d’apercevoir un loup en promenant son chien. Mais alors, que faire en cas de rencontre entre ces deux canidés? Tout d’abord, rappelons qu’il est important de respecter les panneaux «interdit aux chiens». A moins qu’il n’obéisse au doigt et à l’œil, il est recommandé de tenir son compagnon à quatre pattes en laisse au maximum à 20 mètres de soi lors d’une balade en forêt. Il faut de toute façon le garder en permanence sous contrôle: c’est la loi.
Rencontre entre chien et loup
La nature de la rencontre dépendra du comportement de chacun, rien n'est donc jamais prévisible et nécessite un comportement responsable du propriétaire. Avec ou sans chien, il faut dans tous les cas montrer patte blanche. Car le loup est un fin observateur. En cas de rencontre rapprochée – à 10 mètres par exemple – surpris, il peut émettre quelques grognements. Il est alors préférable de bouger le moins possible, de le regarder, puis de baisser les yeux, et ce, à plusieurs reprises: c’est un signal d’apaisement très clair chez les canidés. Quitte à se mettre de profil, il faudra simplement lui laisser le temps de partir. A moins d’un contact très rapproché – les jeunes loups étant curieux – la meilleure option reste l’effarouchement, qui consiste à crier, taper des mains, du pied, ou encore à avancer dans sa direction. L’effarouchement est d’ailleurs conseillé aux éleveurs, en plus, bien sûr, d’une protection des troupeaux efficace, à savoir: une clôture électrifiée et suffisamment de chiens de protection pour assurer un rapport de force en cas d’attaque. Certains éleveurs vont même jusqu’à filmer et analyser le comportement de leur troupeau et de leurs chiens en présence des loups.
Isabelle Germanier, représentante romande du Groupe Loup Suisse (facilitant la coexistence entre humains et grands carnivores indigènes) l’assure: «si quatre loups font face à quatre chiens de protection en plus de la présence du berger qui pratique l’effarouchement, il y a fort à parier que les loups préféreront aller chasser du gibier plutôt que prendre le risque de s’aventurer plus près du troupeau». Et ce, même si l’amateur de chair fraîche a une faim de loup!
On peut donc regretter l’arrêt du financement du programme d’élevage de chiens de berger par la Confédération, qui va à l’encontre de la nécessité d’établir un équilibre entre chiens de protection et loups.
Genève est-elle épargnée par le loup?
Faune • Le grand canidé déchaîne les passions dans plusieurs cantons suisses autant que chez nos voisins français. Le territoire genevois est-il réellement épargné?