HISTOIRE • Et si on plongeait dans le parler genevois le temps de la pause estivale? L’ouvrage d’Yves Schaefer met en scène des mots et des expressions qui fleurent bon le truculent langage populaire propre aux habitants du bout du lac. En route pour un 4e voyage en terres linguistiques.
Ainsi, impossible voire même coupable de ne pas se pencher sur Piogre. Sur l’air de «que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître», il désigne la cité de Calvin. Soit, mais d’où vient ce terme un tantinet obscur. Il semblerait que Piogre évoque une cité mystérieuse hantée par un étrange personnage. Lequel personnage, maréchal-ferrant de son état, était assez introverti devine-t-on entre les lignes de savants écrits. Dans le vocabulaire du dauphinois, le mot signifie: aller au bout du monde. C’est sans doute ce qui a inspiré nos voisins vaudois qui ont tôt fait de tricoter de nouvelles expressions comme, aller à Piogre, ferrer les mouches ou aller à Piogre où les chiens jappent de la queue ou encore aller à Piogre, derrière la lune.
Mais encore? «l’alter ego» de Genève ne serait-il pas emprunté à la ville ardéchoise de Peaugres et que d’aucuns utilisaient autrefois pour parler d’un endroit lointain et perdu. Auquel cas, on se perd en conjectures quant à la raison de cette dénomination.
Car si le canton est bel et bien, géographiquement parlant, au bout du lac de Genève, euh... Léman, la cité n’apparaît-elle pas parfois dans notre esprit chauviniste assumé, comme située au centre du monde?
Un peu quand même!
«Gen’voiseries», des mots en scène, d’Yves Schaefer, éditions Cabédita, 2023. Dans la même collection et du même auteur: «Vaudoiseries» (2019), «Valaisanneries» (2021) et «Fribourgeoiseries» (2022).