Insensé, détraqué, marteau, sonné, toqué, dérangé, bizarre, cinglé, maboul… les qualificatifs pour désigner celui qui souffre de désordres de l’esprit ne manquent pas à l’appel. Et ajoutant un plus peu plus de couleur locale à ce vaste répertoire, les Genevois préfèrent user d’une expression, ô combien évocatrice, soit : grésiller du trolley. Ledit trolley, comme chacun le sait, est mu à l’électricité via un système de câblages drôlement malin.
Mais que seuls un spécialiste des Transports publics genevois ou un ingénieur d’une école polytechnique sont aptes à détailler. Cependant, pour des raisons obscures (mais évidentes pour les experts ès mobilité précités), il arrive que le dispositif d’alimentation génère quelques étincelles. Voilà pour l’éclairage (si on ose) technique.
Sinon ? Les bédéistes bon teint se souviennent, à n’en pas douter, qu’Hergé, le bien inspiré ne s’est guère privé de filer cette métaphore.
Dans Objectif Lune, le génie de la bande dessinée ad personam écrit : «Il commence sérieusement à grésiller du trolley ce Dupond». Il est vrai que le duo au chapeau melon est délicieusement perché.
Gen’voiseries», des mots en scène », d’Yves Schaefer, éditions Cabédita, 2023. Dans la même collection et du même auteur : «Vaudoiseries» (2019), «Valaisanneries» (2021) et «Fribourgeoiseries» (2022).